Chapitre 98 : Arrosage

Alice, la fiancée de Skill, fut tuée par Agiel. Afin de la venger, ainsi que d'empêcher les protagonistes de le gêner dans son plan de neutralisation des nigh, Skill décida de traquer Al, Cammy et leurs compagnons. Ces derniers allèrent se réfugier chez Kerry, membre de la brigade anti-nigh.

Skill finit par découvrir leur abri et les téléporta tous dans le quartier désert de Disease. Puis, les membres de chaque équipe furent dispersés aléatoirement aux quatre coins de la zone. Chacun se retrouva seul face à un adversaire.

Après la mort de Miranda, Trash (Berthold) et Annie parvinrent à vaincre Sonya. De leur côté, Agiel et Daisy réussirent à mettre Cody hors d'état de nuire. Toutefois, la blonde commença à succomber à ses nombreuses blessures.

***


Les yeux exorbités par l'effroi, Daisy fixe sa meilleure amie. Agiel est à court d'énergie, elle ne peut pas se régénérer pour l'instant. Elle succombe peu à peu à ses nombreuses blessures. La mort lui tend ses bras.

Daisy halète, commence à paniquer. Elle déchire d'abord ses vêtements et comprime les plaies pour stopper l'hémorragie. Cody assiste à la scène d'un air dédaigneux. Le jeune homme aux yeux bleus, courts cheveux noirs, petit nez pointu et à la mâchoire carrée, ne souhaite qu'une seule chose : qu'Agiel cède le plus vite possible.

Emplie de détresse, Daisy prend la blessée sur son épaule et court à la recherche d'aide. Peu importe qui, du moment qu'il puisse sauver son amie.

L'utilisatrice de virus parcourt les rues vides. De seconde en seconde, elle imagine l'âme d'Agiel la quitter. Cette idée fait tambouriner son cœur dans sa poitrine.

Prise dans un élan de désespoir, elle tente le tout pour le tout. Daisy hurle à s'en déchirer la voix :

« À L'AIDE !!! S'IL VOUS PLAÎT ! QUELQU'UN !! »

Elle sait bien qu'un ennemi risque de l'entendre, mais tant pis. Si Agiel meurt, elle n'a plus rien à perdre.

Après avoir traversé plusieurs rues supplémentaires tout en continuant d'appeler à l'aide, elle aperçoit une silhouette au coin d'une intersection.

Quelqu'un l'a entendue. Emplie d'espoir, Daisy fonce vers son potentiel sauveur. Elle se montre à lui et ils se font face.

C'est John.

Elle n'en croit pas ses yeux. Daisy arrête immédiatement sa course, horrifiée. Les jambes en coton, elle ne bouge plus et manque de s'écrouler.

John a juré de venger sa grande sœur, Alice. Il a kidnappé et torturé Cammy, mais lorsque les nombreux cadavres dans sa cave ont été découverts, il a pris la fuite.

« Il fallait se douter qu'il viendrait se cacher dans cet endroit désert... mais pourquoi a-t-il fallu qu'il se montre maintenant ?! » se lamente Daisy.

Le colosse se rapproche lentement des jeunes femmes, un sourire pervers sur le visage.

« Mais t'es vraiment conne, toi ! Qui est-ce que tu espérais croiser, en gueulant comme ça ?! »

Daisy n'a pas le choix. Qu'elle sache se battre ou pas, elle doit protéger son amie. Seulement, elle est pratiquement à court d'énergie. Tremblant de tout son corps, elle se jette désespérément sur John.

Le coup de poing qu'il encaisse lui donne l'impression d'une chatouille. Après un rire mauvais, il la balaie d'un revers de la main sans le moindre effort.

Les deux amies sont à terre. La bouche en sang, Daisy tousse à plusieurs reprises. Sa propre mort lui importe peu. Mais savoir qu'elle n'a pas pu sauver sa meilleure amie, ça, elle ne peut l'accepter.

Les larmes coulent. La voix tremblante, elle s'écrie jusqu'à s'époumoner :

« À.... À L'AIIIDDEEEEEEEE ! »

John ricane.

« Tu t'es crue où, connasse ? On est sur un champ de bataille, là ! Tout le monde est déjà occupé à sauver sa propre peau. Personne ne viendra t'aider !! »

Le géant s'approche d'elle, moqueur. Sans pitié, il plante son pied dans la plaie de Daisy au ventre. Cette dernière hurle de douleur sans retenue.

« Si tu savais combien de fois j'ai rêvé de buter cette salope d'Agiel de mes propres mains... marmonne-t-il. Mais c'est vraiment chiant qu'il ne reste plus grand-chose d'elle, j'aurais aimé la torturer avant. Avec toi, par contre, je vais pouvoir bien m'amuser. Regarde attentivement, tu vas vivre les derniers instants de ta vie de merde à regretter de l'avoir laissée crever sous tes yeux... »

Il enfonce encore plus sa jambe dans la blessure de Daisy, qui laisse échapper un autre cri. Après avoir mis tout son poids pour écraser le ventre de la jeune femme, il retire sa botte sanguinolente et se dirige vers Agiel. Le regard assoiffé de vengeance, il lève son poing massif.

« Crève !!! » hurle-t-il, de toute sa fureur.

Daisy assiste à la scène, impuissante, pendant que ses larmes mouillent le sol. Elle ferme ses yeux, n'en pouvant plus de ce cauchemar. Un son strident retentit. Le pilon écrase complètement le crâne d'Agiel.

Daisy rouvre lentement ses yeux, terrifiée à l'idée du spectacle qui s'offrira à elle. Lorsque ses paupières se rouvrent, son ébahissement est à son comble.

Kerry est là.

Un bleu au bras, elle a stoppé net le poing destructeur de John.

Leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre, les deux adversaires se fixent dans les yeux, déjà impatients de passer au massacre.

« Toi... qu'est-ce que tu fous ici, pétasse ?

- C'est toi, le fameux John ? Ton cadavre servira bientôt d'engrais aux plantes », réplique l'humaine.

John tente de la frapper, cependant beaucoup plus rapide, la brigadière lui assène une gifle monumentale qui le propulse sur plusieurs mètres.

« Kerry !!! » s'exclame Daisy, euphorique, qui fonce à sa rencontre.

Ce ne sont plus des larmes de tristesse, mais de joie, qui coulent sur le visage de Daisy. Anxieuse, l'humaine l'arrête d'un signe de la main.

« Désolée... je n'ai pas les bonbons sur moi... »

La mine déconfite, Daisy voit tous ses espoirs s'envoler. Jusqu'à ce que Kerry ajoute :

« Malgré tout... il y a peut-être un moyen de la sauver... tout dépendra de toi. »

Elle se rapproche aussitôt de l'oreille de Daisy et lui chuchote quelque chose.

Pendant ce temps, John se relève. Il crée immédiatement une clé lumineuse, qu'il s'apprête à avaler.

Avant que l'objet ne pénètre dans sa bouche, Kerry fonce sur lui et lui assène un grand coup de pied dans la face. La clé tombe et disparaît dans le sol.

« D'après ce qu'ont dit Berthold et Annie, le concept de ce type est la clé, se rappelle Kerry. Il peut ouvrir et fermer tout ce qu'il veut. Autrement dit, si je le laisse avaler cette chose lumineuse, il pourra utiliser son pouvoir sur son corps à sa guise ! »

Fulminant, John se relève et commence l'assaut. Daisy assiste non loin au combat, Agiel dans ses bras. Il martèle Kerry de coups de poing. Cette dernière, bien trop rapide pour lui, ne se laisse toucher aucune fois.

Soudain, elle fait sortir un couteau dissimilé sous ses vêtements, entre son t-shirt et son pantalon. D'un geste vif, elle arrache le bras du jeune homme, jusqu'au coude. Ce dernier hurle de douleur, avant de s'éloigner d'elle.

« Coup de bol, je faisais la vaisselle au moment où on a été téléportés ! » nargue-t-elle.

John fait apparaître une clé lumineuse et tente de l'insérer dans son bras pour refermer sa blessure.

Plus concentrée que jamais, Kerry se jette sur lui à une vitesse vertigineuse et lui assène un coup de coude dans le torse. La bouche grande ouverte tant il est pris au dépourvu, le jeune homme crache du sang. Agressé par la douleur, il laisse tomber la clé et se fait projeter. Il heurte plusieurs bâtiments qu'il traverse et disparaît de leur champ de vision.

« Daisy, MAINTENANT !! » crie l'humaine.

Tout aussi concentrée, la nigh met ses dernières forces dans ce mouvement. Daisy propulse le corps d'Agiel tel un boulet de canon, avant que l'objet ne tombe au sol. La blonde et la clé régénératrice entrent en contact.

Aussitôt, toutes les blessures d'Agiel commencent à se refermer.

L'humaine effectue une acrobatie, tant elle est ravie.

« Ouais ! Bien joué, Daisy ! » s'écrie Kerry, fière de leur réussite.

La nigh, très émue, ne répond pas. Sa joie est trop immense pour lui permettre de prononcer le moindre mot. Elle s'écroule doucement en toussant, confiant le reste à la brigadière.

Paradoxalement, les pouvoirs de John ont servi à sa pire ennemie. Agiel est sauvée.

L'humaine reprend son sérieux et s'adresse à Daisy :

« Restez là, je vais vite m'occuper de lui. »

La nigh fronce ses sourcils, troublée. Kerry se justifie :

« Je sais que ce n'est pas prudent de vous laisser ici toutes seules, mais il ne faut surtout pas que John s'aperçoive de la guérison d'Agiel. N'oublie pas que la clé est à l'intérieur d'elle, et qu'il peut rouvrir son corps à sa guise. Le mieux est de lui faire croire que le truc s'est perdu dans le sol. »

Daisy hoche la tête, bien qu'angoissée. Leur protectrice lui sourit et ajoute :

« T'en fais pas, je vais en finir avec lui en un clin d'œil. Fais-moi confiance. »

La nigh, rassurée, opine du chef. Déterminée, Kerry retourne au combat.

Le visage enfoncé dans un mur, John se libère. Il n'a vu que du feu à leur ruse. Il n'a pas le temps de créer une nouvelle clé, que l'humaine fonce dans sa direction.

Elle se focalise pleinement sur son combat. John plante ses doigts dans le sol et soulève un immense bloc de terre, de la taille d'une voiture.

« Je vais toutes vous crever, poufiasses !! »

Il balance l'immense rocher sur l'humaine. Cette dernière esquive sans mal, avant de se ruer sur lui. Elle enchaîne avec un coup de couteau dans l'estomac. Toutefois, John ouvre son ventre et l'attaque le traverse.

Stupéfaite, Kerry se rend compte de sa ruse :

« Il n'a pas balancé ce truc sur moi au hasard ! Pendant que j'étais occupée à l'éviter, il a avalé sa clé sans que je ne m'en rende compte !! »

Souriant de toutes ses dents, John se déchaîne. Il décroche un terrible coup de poing que Kerry encaisse de plein fouet. L'arrière du crâne en sang, elle s'écroule en grimaçant de douleur. Il régénère son bras.

« Et une de moins ! triomphe intérieurement John. Au mieux, elle a juste subi un traumatisme crânien. Mais aucune chance que cette chienne ait survécu... Il ne me reste plus qu'à supprimer les deux autres. »

John est interrompu dans son monologue par un coup de couteau vertical. Les organes génitaux tranchés, il affiche l'expression du supplice ultime.

Kerry a certes été blessée, mais les dégâts ne se limitent qu'à une déchirure de sa peau.

Elle se relève et poursuit l'attaque. Néanmoins, son couteau traverse une fois de plus le torse ouvert de John. Ce dernier referme également la blessure entre ses jambes.

« Berthold et Annie avaient raison... réfléchit Kerry. On peut le frapper autant qu'on veut, impossible de le toucher, à moins de le surprendre. Et aussi mortelle soit la blessure, il peut de toute façon la guérir sans problème. Ça ne sert à rien d'attaquer à l'aveugle. Je dois trouver un moyen de l'empêcher de se régénérer ! »

L'humaine range son couteau sous ses vêtements et jette un coup d'œil aux habitations voisines. Débordant de haine, John revient à la charge. Il laisse furtivement tomber une clé sur le trottoir.

Kerry s'éloigne rapidement de lui. Elle arrache très vite le poteau auquel est accrochée une lanterne, puis ramasse une bouche d'égout sphérique dans l'autre main. Prête à poursuite son duel, elle fait un pas en avant.

Brusquement, le sol s'ouvre sur une petite fente. L'humaine manque de perdre l'équilibre. Le colosse libère sur elle un coup de poing dévastateur.

Elle place spontanément le poteau devant elle pour se protéger. Dans un fracas, le pilier de fer se tord. Kerry se fait propulser à l'intérieur d'une habitation, détruisant le mur au passage.

Roulant plusieurs fois sur elle-même, elle atterrit au milieu d'un jardin. Entouré d'arbustes touffus, il n'y reste plus que de hautes herbes et un grand arbre robuste au fond. Kerry inspecte brièvement les environs.

John la rejoint et continue son assaut avec acharnement. Kerry n'attaque plus. Elle se contente d'esquiver. Les poings de John créent à chaque fois un souffle violent qui arrache la verdure et soulève la terre autour d'eux. Malgré la pression étouffante que lui met ce cataclysme vivant, l'humaine garde son sang-froid.

Elle recule progressivement.

Après avoir évité plusieurs fois de se faire broyer le crâne, Kerry change brusquement de trajectoire. Elle exécute une rotation véloce et se place dans le dos de John.

Lorsque ce dernier se retourne, elle le plaque lourdement au sol grâce au poteau. Le coinçant au pied de l'arbre, elle le prend à califourchon et brandit la bouche d'égout dans l'autre main.

D'un coup d'une extrême violence, elle tranche John en deux à partir de la taille. Vomissant du sang, il essaie sur-le-champ de refermer la blessure.

Toutefois, il n'y arrive pas.

Kerry a placé verticalement la bouche d'égout entre les deux parties arrachées, faisant obstacle au recollage. La fermeture est impossible.

« Sale pute... ! Qu'est-ce que tu... ?! »

L'humaine frappe à répétition le tronc de l'arbre avec son poteau. De nombreuses feuilles tombent sur eux.

John ne se laisse pas déstabiliser. Il crée une nuée de clés prenant Kerry, la bouche d'égout, et le pilier métallique pour cibles en même temps.

À la vitesse de la lumière, Kerry saisit les innombrables feuilles en pleine chute et les jette sur les clés. Les objets lumineux sectionnent les végétaux en deux et disparaissent aussitôt.

« Eh merde !!! rage intérieurement John. Je comprends mieux pourquoi la pétasse m'a attiré au pied de cet arbre ! En faisant tomber les feuilles sur nous, elle s'en sert comme bouclier contre mes clés !! »

Les secondes passent. Le pouvoir de John est contré systématiquement. Il refuse de se résigner. Il s'obstine encore et encore. Les clés abondent. Il y en a dans toutes les directions. D'une vélocité hallucinante, Kerry se protège avec les feuilles, l'herbe, et même le gravier. Si les ressources de la jeune femme sont inépuisables, celles de John ne le sont pas.

Sa myriade de clés l'épuise. En un instant, il se vide de son énergie et il ne peut plus produire la moindre technique.

Il abandonne enfin. La douleur est insupportable. Du sang coulant de ses oreilles et de ses narines, la voix cassée par la souffrance, il balbutie.

« A... achève... moi.... »

Kerry lui lance un sourire sympathique.

« Ok ! Bon voyage en enfer, mon grand ! »

Elle dégaine son couteau. Un coup au cœur suffirait à abréger ses souffrances.

Pourtant, le rictus de Kerry se transforme en un sourire aussi malsain que terrorisant. Elle plante l'arme blanche dans l'œil de John. Ce dernier, n'ayant même plus la force de crier, tord encore plus son visage de douleur.

« Ma petite Camille nous a raconté tout ce que tu lui as fait... t'as cru que j'allais te le pardonner ? »

Le sang de John coule à flots. Une mare écarlate se forme autour d'eux, abreuvant les plantes aux alentours. Baignant dans le liquide qui circulait dans ses veines, le géant agonise.

Chaque seconde semble durer des heures. Le souffle saccadé, les larmes aux yeux, se mordant la lèvre jusqu'à la charcuter, griffant le sol...

Il vit ses derniers instants dans un supplice sans nom.

Son cœur cesse finalement de battre. La bouche et les yeux grands ouverts, le colosse ne respire plus.

Kerry se lève, sans la moindre considération pour le cadavre et récupère ses armes.

Elle retrouve Daisy et Agiel, toujours au même endroit.

« Tu... l'as fait... ! » balbutie l'utilisatrice de virus, ravie.

L'humaine sourit et acquiesce d'un « V » de la main. Elle soulève Daisy et la pose avec Agiel sur ses deux épaules.

« Je ne peux pas vous laisser ici sans protection. Pas de temps à perdre, allons retrouver les autres » affirme la brigadière, déterminée.

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