Chapitre 89 : Le plan de Cammy

Après une journée entière d'entrainement, tout le monde constata un progrès, excepté Daisy. Agiel lui proposa alors de s'exercer sur elle.

***


« Utilise ton pouvoir sur moi, même si je dois en souffrir. »

Daisy, en panique, proteste immédiatement :

« Pardon... ? C'est hors de question ! Je... je ne veux pas te faire de mal !

— Justement ! Tant que tu continueras avec cette attitude, tes techniques seront inefficaces sur les gens que tu n'as pas envie de combattre. »

Daisy tousse à plusieurs reprises, toujours hésitante. Son amie, le regard brûlant de volonté, reprend la parole :

« C'est à toi de décider. Soit tu te bats pour ce en quoi tu crois, quitte à faire des sacrifices, soit tu abandonnes la bataille. »

L'utilisatrice de virus pense à ses objectifs, la raison pour laquelle elle a quitté l'équipe de Skill.

Pour les sauver.

Si, pour cela, elle doit les faire souffrir momentanément, elle est prête à donner son maximum.

Daisy hoche la tête, enfin déterminée. Agiel en est ravie.

« Fais-moi subir un mal de ventre horrible pendant des heures » ordonne la blonde.

Daisy opine du chef. Elles se serrent la main. Instantanément, la douleur assaille l'estomac de la blonde. Cette dernière se plie en deux. Le visage tordu, elle se tourne et retourne sur le matelas, grince des dents, serre le drap.

Daisy assiste au supplice de son amie, épouvantée. Elle ferme ses yeux pour ne plus voir ce spectacle insupportable, se bouche les oreilles afin de ne pas entendre ses gémissements. L'utilisatrice de virus sue à grosses gouttes. Elle aussi, vit une véritable torture.

Cependant, au bout de cinq minutes, tout s'arrête. Agiel la tapote afin de lui faire signe. Quand elle rouvre ses yeux, Daisy est dégoûtée d'elle-même. La blonde soupire, dépitée.

Néanmoins, Agiel ne lui en veut pas et garde un ton calme :

« En réalité, ton mal de ventre était léger. J'aurais pu le supporter assez facilement. J'ai joué la comédie pour te mettre à l'épreuve... et malheureusement, tu as inconsciemment annulé ta technique...

— Réessayons, je vais faire mieux ! » propose Daisy, toussotant à nouveau.

Toutefois, Agiel sent bien dans ses yeux qu'elle n'est pas sûre d'elle. La blonde secoue la tête et lui explique patiemment :

« À cause de ta maladie, ton énergie vitale est toujours faible et tu t'épuises très rapidement. J'ai constaté que tu ne peux pas utiliser ton pouvoir plus de deux fois d'affilée. Si tu échoues, tu seras incapable de t'entrainer pendant des heures. On ferait mieux de trouver une autre solution...

— Alors... que pouvons-nous faire ?!

— Ne t'inquiète pas, assure Agiel. Je vais y réfléchir. Repose-toi en attendant. »

La blonde se dirige vers la porte, l'air songeur. Daisy, penaude et grandement déçue, s'allonge sur le lit. Elle doute de pouvoir franchir cette impasse.

***


De son côté, la jeune femme a fini de s'occuper de la chevelure de Miranda. Cammy souffle, tant ça a été laborieux, mais surtout, elle est très fière d'elle. L'adolescente se regarde dans le miroir.

Les innombrables mèches rebelles ont disparu. Ses cheveux, soigneusement coiffés en boucle, s'étendent telle une cascade jusqu'à son bassin et mettent en avant son visage fin.

Cammy tape dans ses mains et s'exclame, surexcitée :

« T'es trop mignonne ! Alors, t'en penses quoi ? T'aimerais garder cette coupe ?? »

Miranda s'observe longuement dans la glace. Ce style lui plaît bien. Elle rougit.

« Euh... ouais... c'est pas mal... murmure l'adolescente, embarrassée.

— Allez, viens ! On va montrer ça aux autres !

— Quoi ?! »

Cammy ne lui laisse pas le temps de réagir et l'emmène avec entrain dans la cuisine, où les autres prennent leur dîner. La jeune femme les interpelle.

Ils dévisagent Miranda. Cette dernière, gênée, se fait toute petite. Ce n'est pas par timidité, elle ne veut juste pas qu'ils pensent qu'elle a changé de style à cause des critiques.

« Approuvé », commente simplement Al, avant de reporter son attention sur ses pâtes.

Subjuguées, Agiel et Daisy la complimentent, puis vient le tour de Trash. Il prend le ton le plus neutre possible :

« Ça te va bien. »

Annie fronce ses sourcils et lui pince la cuisse. Trash tressaute et émet une exclamation de douleur.

« Bah quoi ?! »

Annie détourne le regard et boude, sous le regard totalement incompréhensif du garçon. Cammy et Miranda s'installent. L'adolescente se fait à nouveau la plus discrète possible et Kerry fait comme si elle n'était pas là.

***


Après le dîner, Annie se présente dans la chambre que Miranda partage avec Cammy, à la demande de cette dernière. L'humaine écarte ses bras, voulant savoir ce qu'elle veut.

Cammy lui fait un sourire plein d'enthousiasme et se lance :

« La nouvelle coupe de Miranda est sublimement géniale. J'aimerais que tu immortalises le moment ! Tu pourrais faire un portrait d'elle ? »

Annie hausse ses sourcils, prise de court.

« Un portrait ?! s'étonne Miranda, allongée dans son lit. Pourquoi pas une simple photo ?

— C'est vrai que ça serait plus simple et rapide. Mais un dessin, c'est dix mille fois mieux ! C'est quelque chose que l'artiste fait en y mettant toute son âme, une passion flamboyante !! »

Cette fois, les adolescentes ne sont pas emballées par l'exaltation de Cammy.

Annie, ennuyée, secoue la tête en signe de refus.

« Quoi ?! Mais pourquoi ? fait Cammy, déçue.

— C'est quoi cette idée ? Moi non plus, j'en ai pas envie, crache Miranda. Je suis sûre que c'est parce qu'elle sait pas dessiner. Son pauvre portrait sera à vomir. »

Cette remarque énerve Annie, lui donnant encore moins envie d'accepter la requête. Les deux adolescentes se fusillent une énième fois du regard, leur animosité l'une envers l'autre reprenant le dessus.

L'humaine en a marre et décide de s'en aller. Cammy se place devant elle, joint ses bras et lui fait les yeux doux.

« Allez... s'te plait... fais-le pour moi... »

Annie tente de résister, mais finit par craquer. Elle hoche la tête, seulement parce que c'est Cammy qui lui a demandé. Cette dernière répète la même technique chez Miranda, qui accepte à son tour.

Cammy va donc chercher une feuille, un crayon et une gomme. L'humaine s'installe derrière un bureau, et Miranda s'assoit sur une chaise.

Le sujet fixe la dessinatrice d'un air contrarié. Cammy se tape le front, agacée. Néanmoins, elles font déjà un effort, elle ne va pas forcer Miranda à sourire.

Une minute plus tard, Cammy se faufile dans le dos de l'humaine pour inspecter son dessin. Elle est désagréablement surprise de voir qu'Annie fait un gribouillis digne d'un enfant de maternelle.

Cammy souffle, irritée. Sans hausser le ton, elle presse les joues rondes de l'humaine et essaie de l'encourager :

« Allez, fais un effort, please... Je sais que t'es une dessinatrice incroyable. Mets-y plus de passion... montre-moi ton vrai potentiel ! »

Elle termine en lui faisant un clin d'œil. Annie sait que ça n'en finira pas, tant qu'elle n'aura pas montré un dessin acceptable. Aussi, juste pour lui faire plaisir, elle efface le brouillon grotesque et s'y met sérieusement.

Une fois son œuvre terminée, elle fait signe à Cammy de venir voir le résultat. Lorsque cette dernière admire le portrait, elle sourit. La jeune femme, les yeux pleins d'étoiles, émerveillée, lève les bras au ciel et s'écrie :

« Miranda, viens voir ce chef-d'œuvre génialissime !! »

Le sujet se lève en grommelant :

« Hmph, pas la peine d'exagé... »

Quand elle pose un regard sur la feuille, Miranda a les yeux exorbités et reste bouche-bée. Le portrait n'est pas parfait, il y a quelques maladresses au niveau des proportions. Toutefois, l'adolescente a l'impression de se voir dans un miroir.

Le style est si vivant que c'est un bonheur pour les rétines.

« Alors ?! Pas mal, non ?! » s'extasie Cammy.

Aucun son ne sort de la bouche de Miranda. Pas seulement parce qu'elle est impressionnée, mais aussi car elle a du mal à l'admettre. Les mots qui restent coincés dans sa gorge sont extrêmement difficiles à prononcer.

« Tu... tu es vraiment très douée... » finit-elle par avouer.

C'est la première fois qu'elle a droit à un compliment de la part de Miranda. Sous le choc, Annie opine du chef machinalement. S'ensuit un silence gênant. Cammy les observe, amusée.

« Tu te souviens, Miranda, tu m'avais dit que t'aurais aimé savoir dessiner ? Ça serait cool qu'Annie te donne des cours quand tout ça sera fini, non ? demande la jeune femme.

— ... Mouais, pourquoi pas... » balbutie l'adolescente.

Sur le coup, Annie acquiesce sans réfléchir. Cammy sourit de toutes ses dents, fière d'avoir réussi son coup.

***


Tard le soir, Miranda se rend au sous-sol, où elle rencontre Agiel, très soucieuse. Elle lui demande ce qui ne va pas. La blonde lui explique le problème de Daisy. L'adolescente se porte volontaire comme cobaye.

Agiel la regarde, éberluée.

« Merci, mais ce n'est pas une bonne idée. Vous n'êtes pas spécialement proches... affirme la blonde avec tact.

— Ah... fait-elle, un peu déçue. Et tu fais quoi ici ?

— Je veux m'entraîner, j'ai toujours des progrès à faire.

— Pareil. Faisons ça ensemble » propose Miranda, fortement motivée.

Agiel la fixe une seconde fois, stupéfaite. Elle remercie intérieurement Cammy d'avoir une telle influence sur l'adolescente. La blonde lui sourit :

« J'apprécie beaucoup tes efforts.

— Après mon comportement de misérable garce, c'est le moins que je puisse faire. »

Sans crier garde, Miranda se jette sur sa partenaire. Elles s'exercent avec acharnement jusqu'à l'épuisement.

***


Le lendemain matin, Annie et Miranda se croisent dans le couloir.

« Salut », dit simplement la nigh.

L'humaine se rapproche d'elle et lui tend son bras en guise de réponse. Elles se serrent la main, d'un air purement neutre, et se séparent sans communiquer davantage.

Deux jours d'entraînement intensif se succèdent. Chacun a fait des progrès considérables, sauf Daisy, qui est toujours au statu quo.

Les deux adolescentes se saluent chaque matin, toutefois, leurs échanges s'arrêtent là.

Dans l'après-midi, Cammy retrouve Al dans le salon pendant la pause. Le jeune homme a un livre en main et a l'air complètement ailleurs.

« Tu penses à quoi ? commence-t-elle, curieuse.

— Je réfléchis à de nouvelles techniques, répond-t-il, l'air grave. Et toi, tu as trouvé quelque chose ? »

Cammy fait un sourire nerveux en se grattant la nuque.

« Bah... pas grand-chose, je l'avoue... »

Elle lui tend un gant, l'air beaucoup plus sérieux. Il regarde l'objet, intrigué, avant de lui demander ce qu'elle a en tête.

De son côté, Miranda prend son courage à deux mains. Elle rejoint Kerry dans la cuisine, faisant la vaisselle.

« Sa... salut... bégaie l'adolescente.

— Qu'est-ce que tu veux ? » réplique Kerry d'un ton glacial.

Miranda déglutit. L'air froid de l'humaine accentue son stress. Ça se voit qu'elle a toujours une dent contre elle.

Les battements de cœur de la nigh s'accélèrent. Ses jambes tremblent. Cependant, elle doit le faire, peu importe à quel point c'est dur.

Miranda puise en elle la force de LE dire :

« Je... je suis dé... »

Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase, que toutes les personnes présentes dans la maison se font téléporter à l'extérieur.

C'est le pire scénario qu'ils pouvaient imaginer.

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