Chapitre 104 : L'héritage

Marshall était méprisant avec sa petite soeur, Ally et se disputait souvent avec Bloom, sa mère. Cette dernière travaillait pour la brigade. Lorsque Marshall apprit que l'organisation tuait tous les nigh sans distinction, une nouvelle querelle éclata. Il n'eut pas le temps de se réconcilier avec sa mère, car le même jour, toute sa famille fut massacrée par son oncle. Ally se sacrifia pour son grand frère. Le garçon parvint à vaincre l'assassin, mais il était déchiré par le remord.

***


Marshall appela sa grande sœur, Liz, pour l'informer du drame. Cette dernière se hâta de le rejoindre.

Le garçon était toujours sous le choc. Il tremblait sans arrêt, avait la respiration saccadée et les yeux mouillés. Il n'avait pas bougé jusqu'à l'arrivée de Liz, ni essuyé le sang qui le tachait de la tête au pied. Voyant son petit frère dans un tel état, la jeune femme le prit dans ses bras.

Elle le serra fort contre elle, avant de lui susurrer :

« Tu n'es pas seul. Je suis là, maintenant. »

À son tour, le garçon resserra son étreinte. Il se remit à pleurer à chaudes larmes.

La grande sœur avait le cœur brisé. Malgré la douleur profonde qui la consumait, elle n'avait pas le temps de s'apitoyer. Ils devaient faire disparaître les corps. Si l'autopsie était faite et que leur nature de nigh était découverte, la brigade s'empresserait de traquer Liz et Marshall.

Ils allèrent au sous-sol, où ils brûlèrent les cadavres. Après avoir nettoyé le crématorium et récupéré les cendres des défunts, ils s'occupèrent du sang qui inondait la cuisine. Ils ne laissèrent aucune trace des décédés.

Liz et Marshall signalèrent la disparition des membres de leur famille, faisant semblant d'ignorer ce qui s'était passé. Malgré l'enquête, la justice ne sut jamais ce qui était arrivé aux victimes. L'affaire fut classée sans suite.

***


Depuis l'incident, Marshall gardait ses yeux fermés la plupart du temps. Il alla vivre avec sa grande sœur. Malgré le fait que l'aînée eût reçu sa part de l'héritage, ils ne pouvaient rester dans la maison de leur enfance, qui était en location. La vie était excessivement chère dans cette ville, et le loyer coûtait une fortune. Ils s'installèrent dans un minuscule appartement.

Le garçon ne retourna pas au lycée. Il passait toutes ses journées cloitré chez lui, à ressasser sans cesse le drame. Son existence était devenue vide de sens. Il dormait très peu. Il faisait toutes les nuits des cauchemars qui lui rappelaient cette soirée tragique. Il s'agitait durant son sommeil, hurlait et se réveillait en sursaut, son drap trempé de sueur.

Alors, il se vidait de ses larmes jusqu'au matin.

Liz essayait du mieux qu'elle pouvait de lui remonter le moral, mais rien n'y faisait. Il était tout simplement inconsolable.

Un soir, Marshall fit un rêve étrange. Pour la première fois, ce n'était pas un cauchemar.

Le garçon se trouvait dans une vaste prairie. Bercés par une brise, de l'herbe à perte de vue et des arbres majestueux entouraient l'adolescent. Des fleurs de toutes les couleurs ornaient le paysage. Une rivière de lait traversait la verdure à quelques mètres. L'astre du jour brillait dans le ciel d'un bleu pur.

Les pupilles vertes de Marshall étaient hypnotisées. Que faisait-il dans un endroit aussi paradisiaque ?

Soudain, sa petite sœur, Ally, apparut devant lui. Elle était entourée d'une lueur éblouissante, reflétant l'innocence et la pureté de son âme.

« Ally, c'est toi... ? »

Désarçonné, il essaya de la toucher. Sa main la traversa.

La jeune fille lui sourit.

« Tu ne peux pas continuer à vivre comme ça, Marshall. Arrête de t'en vouloir. Ce n'était pas ta faute. »

Le grand frère serra ses poings, envahi par le remord. Il grinça des dents.

« Que j'arrête de m'en vouloir ? hurla-t-il. Ally, j'étais quelqu'un d'exécrable. Toujours à te rabaisser... Et avec maman, c'était pire. Je passais mon temps à lui parler mal. Parfois même, je l'insultais. Pourquoi tu t'es sacrifiée pour moi ?! Je ne le méritais pas, c'est toi qui aurais dû survivre !!!

- Ne sois pas si triste. Maman, papa et moi, on est tous heureux ici. Et puis, je ne regrette pas de m'être sacrifiée pour toi. Je pense que si tu es toujours vivant, c'est qu'il y a une raison. »

Marshall écarquilla ses yeux, perturbé.

« Une raison... ? »

Ally lui fit un sourire angélique et lui révéla :

« Oui. Ton heure n'est pas encore venue. Je crois que tu as des choses à accomplir dans l'autre monde.

- Mais quelles choses... ?! »

Brusquement, l'orphelin sortit de son sommeil. Il se redressa, fortement troublé par son rêve. Il repensa à Ally, ses parents. Il voulait tant sentir leur chaleur à nouveau, les prendre dans ses bras, leur dire à quel point il les aimait.

Toutefois, c'était trop tard.

Il se mordit la lèvre. Sa peine se décupla et il plongea sa tête dans sa couette.

Il réfléchit à son songe. Était-ce une simple imagination de son cerveau, ou avait-il vraiment communiqué avec l'âme de sa sœur ?

Même si la réponse demeurerait à jamais un mystère, il garda l'espoir que cette discussion fût réelle.

Marshall se fixa alors l'objectif de découvrir la raison de son existence.

***


Plusieurs mois passèrent. Le chagrin envenimait toujours le cœur du garçon. Il ne sortait que pour faire les courses. En rentrant chez lui, un soir, il tomba sur une scène qui l'interpella.

Dans une ruelle, son voisin d'immeuble et plusieurs jeunes hommes rouaient de coups un adolescent. La victime, couverte de sang, semblait gravement blessée. Marshall intervint.

« Qu'est-ce qui vous prend ?

- Cet enfoiré a volé mon scooter ! Il ne va pas s'en tirer comme ça ! vociféra le propriétaire.

- Je comprends votre colère, mais c'est interdit de se faire justice soi-même, argumenta Marshall. Laissez les forces de l'ordre s'en occuper.

- La justice prend trop de temps pour agir, et y a des policiers qui n'enregistrent même pas nos plaintes. De toute façon, je n'ai pas confiance en ces connards !! » ragea l'un des amis.

Marshall ne dit rien. Circonspect, il s'en alla, laissant le délinquant à son sort.

Cette discussion fit réfléchir Marshall. Après avoir longuement cogité, il retourna à son domicile.

Sa sœur et lui étaient dans une situation financière difficile. La grande sœur faisait des efforts colossaux pour subvenir à leurs besoins. Étudiante à l'université, elle jonglait entre son alternance et plusieurs travails à temps partiel.

Totalement débordée, elle fut victime de surmenage.

Il retrouva Liz dans sa chambre, allongée dans son lit. De grosses poches noires étaient visibles sous ses yeux. Elle avait considérablement maigri.

Quand l'adolescent s'approcha d'elle, elle s'adressa à lui d'un ton maternel :

« Marshall, tu as dîné ? Mange autant que tu veux, je n'ai pas très faim. »

Le garçon la regarda, inquiet.

« Liz, je t'aime, tu sais ? »

La grande sœur adressa un petit sourire à Marshall, essayant d'être rassurante.

« Moi aussi je t'aime. T'inquiète pas pour moi... je vais vite me rétablir et continuer à bosser. Je vais trouver un bon job et on ne manquera de rien...

- Liz... j'apprécie le fait que tu te préoccupes autant pour moi, mais il faut aussi que tu prennes soin de toi. »

Il soupira, avant de poursuivre :

« J'ai réfléchi. Tu ne peux pas continuer comme ça. Je vais t'aider. Alors, s'il te plaît, arrête de trop en faire. »

La jeune femme le fixa. Marshall semblait avoir un peu changé. Une expression de joie se dessina sur son visage.

« Je suis contente de voir que tu commences à aller mieux. Je ne demande que ça.

- J'ai une idée pour lancer une affaire, continua le garçon. En revanche, je ne suis pas sûr que ça va te plaire, étant donné que ce n'est pas très légal... »

Il hésita. Au fond, un tel travail ne l'enchantait pas. La jeune femme lui lança un regard curieux, l'invitant à poursuivre.

Marshall lui expliqua alors son idée : venir en aide aux victimes et sanctionner les criminels, beaucoup plus rapidement que la police.

Liz approuva sans tergiverser, et il lança son entreprise clandestine. Même si ses revenus étaient faibles, il libéra l'aînée d'un poids lorsqu'elle se rétablit.

Son nom de code : Skill.

***


Trois ans plus tard, Marshall s'était fait une réputation. Malgré tout, la pauvreté faisait partie de leur quotidien.

À l'aube, alors qu'il marchait dans la rue pour se rendre à son repaire, le jeune homme réfléchissait. Il n'avait toujours pas retrouvé le sourire.

« Je pensais qu'avec le temps, je finirais par aller mieux, mais c'est tout le contraire. La douleur est toujours aussi intacte qu'il y a trois ans. Une partie de moi est définitivement morte. Je croyais être intelligent, mais je n'étais qu'un sombre idiot. Je n'arrivais pas à concevoir pourquoi ma mère avait rejoint la brigade, malgré leurs méthodes ignobles. Maintenant, tout est clair. Je te comprends enfin, maman. »

Il serra son poing. Une veine se traça sur son front, symbole de sa détermination implacable.

« Ally, tu ne t'es pas sacrifiée pour rien. Merci d'avoir cru en moi. J'ai enfin trouvé la raison de mon existence. Je vais poursuivre le combat de maman. Tant que je serai en vie, j'empêcherai les nigh de faire du mal à qui que ce soit. Je ne me reposerai que lorsque je serai sûr qu'ils ne sont plus une menace. »

Fermement décidé, Marshall consacra le reste de sa vie à la réalisation de ses idéaux.

***


J'espère que vous allez bien !! Chronologiquement, la suite de ce flashback se situe entre les chapitres 39 à 41. Mais vous n'êtes pas obligés de tout relire, voilà un résumé !

Liz devint avec le temps une femme aigrie, désagréable, voire sans cœur. Elle se disputait sans cesse avec Marshall. Un soir, le jeune homme tomba sur Daisy, qui était seule dans la rue et confrontée au froid. Il décida de l'héberger chez eux. Liz protesta sans pitié. Son petit frère lui mit la pression pour qu'elle accepte.

Plus tard, Mr. Brown, le père de Daisy, devenu cannibale, la retrouva pour satisfaire sa faim. Liz essaya de la protéger, mais fut balayée sans effort. Marshall intervint et le vainquit facilement, le dissuadant de s'attaquer une nouvelle fois à sa fille.

Après cet incident, Liz comprit qu'elle était trop faible et décida de partir s'entraîner avec des types louches. Marshall voulut l'en empêcher, ce qui créa une nouvelle querelle. Daisy tenta de les calmer. Dans un excès de rage, Liz se défoula sur elle et la blessa, avant de s'en aller pour de bon.

Le changement radical de sa grande soeur fut le déclic. Marshall expliqua à Daisy que les émotions poussaient les individus à agir. Et que pour empêcher les nigh de commettre des crimes, il fallait les priver de leurs sentiments. Daisy accepta ainsi de participer au projet.

Et voilà, bonne journée !!

Chapitre Suivant

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Chapitre 80 : Le retour

Chapitre 113 : Nouvelles promesses (Épilogue 2)

Chapitre 81 : Le réveil