Chapitre 65 : L'enlèvement

John fit son apparition face à Cammy, qui était épuisée après son combat. Elle ne put se défendre et fut enlevée. Une de ses pantoufles tomba sur le sol.

***

Annie reprend connaissance dans la chambre. Trash, toujours évanoui, est allongé à côté d'elle. Sa tête tourne, elle se relève, toujours engourdie.

Elle est déçue d'avoir perdu après tous leurs entraînements et les stratégies mûrement réfléchies. Elle n'est pas étonnée d'être toujours vivante, mais elle s'attendait à ce que Cammy soit présente à leur réveil, à prononcer un long discours ennuyeux pour leur faire la morale. Ou à leur demander comment Annie a obtenu ses pouvoirs, ou encore comment ils l'ont trouvée et capturée.

Annie soupire. Non seulement elle est frustrée par l'échec de leur négociation, mais toutes ces questions lui rappellent des souvenirs qui ne sont pas des plus joyeux.

***

Quand ils avaient environ treize ans, Trash et Annie furent kidnappés. L'ex petit ami de la mère de l'adolescente voulait se venger. Lorsque le garçon retrouva ses esprits, il assista à un spectacle glaçant. Son amie se faisait torturer. Elle s'était fait amputer d'une jambe, et le tortionnaire s'attaquait à la deuxième.

Fou de rage, Trash parvint à se libérer des cordes qui liaient ses membres. Un combat s'engagea alors. Le bourreau était un nigh et possédait un pouvoir : le concept de l'habillement.

L'adversaire de Trash l'avait sous-estimé. Le tortionnaire se contentait d'effectuer des attaques à distance avec ses vêtements.

Mais grâce à sa rapidité et férocité, Trash réussit à tout esquiver, s'approcher de l'ennemi et le toucher. Le bourreau, déstabilisé par la force du garçon, perdit ses moyens. L'adolescent en profita pour l'achever très rapidement. L'affrontement n'avait pas duré plus de quinze secondes.

Trash se dépêcha d'éliminer également celui qui avait engagé l'assassin. Le massacre terminé, il se tourna vers Annie, qui vivait un supplice. Elle était sur le point de perdre connaissance, ou plutôt de mourir.

Il sortit de la cave et trouva rapidement des bandages dans la maison du criminel pour arrêter l'hémorragie.

La vie d'Annie n'était plus en danger, mais plus jamais elle ne pourrait se servir de sa jambe.

Trash attrapa sa tête, tira ses cheveux et hurla de haine, mais surtout de désespoir. Qu'avait-elle fait pour finir dans cet état ?

Il haletait. Les yeux submergés par les larmes, c'était le chaos dans son esprit. Il devait absolument faire quelque chose. Il était prêt à tout. C'est alors qu'une idée lui vint en tête. C'était un pari insensé, mais il était décidé à ne reculer devant rien.

Il dépeça le nigh en un éclair. Dépassé par la folie, il invita Annie à dévorer le cadavre. Cette dernière voyait et entendait flou.

Il comprit que l'heure n'était pas aux explications et força la jeune fille à ouvrir sa bouche. Lentement, il lui faisait mâcher et avaler la viande.

Jamais Annie n'avait été aussi écœurée. Des larmes de dégoût ruisselaient sur ses joues peinturées en rouge.

L'atrocité terminée, Annie ressentit quelque chose. Un mal de crâne atroce la sévit. Chaque cellule de son corps la faisait horriblement souffrir. Tout son organisme était comme traversé par une décharge électrique.

Elle cria à s'en déchirer la voix. De la bave s'échappait de ses lèvres. Elle avait l'impression de se transformer, littéralement. Puis, elle perdit connaissance.

Face à ce spectacle, Trash était sidéré.

Sur-le-champ, il ne voyait aucun changement. Alors, abattu, il s'assit, plaçant sa tête entre ses genoux et ne faisant plus rien. Il était persuadé d'avoir échoué.

Une trentaine de minutes plus tard, il sentit une main se poser sur lui. Il n'y croyait pas. Lorsqu'il releva la tête, il constata qu'un miracle s'était produit. Annie s'était régénérée.

Il fut incapable de dire quoi que ce soit, tant il était heureux. En silence, ils s'enlacèrent.

Depuis ce jour, Annie perdit l'usage de la parole. Sa mère pensait que c'était la conséquence d'un choc psychologique. Bien qu'en effet, Annie avait été traumatisée par cet évènement, elle comprit que la réelle raison de son mutisme n'était autre que sa malédiction. Désormais, elle ne pourrait plus s'exprimer sans un porte-parole.

Elle n'en avait jamais voulu à Trash, car elle savait qu'il lui avait fait acquérir ces pouvoirs pour son bien.

***

Il y a quelques jours, Trash et Annie rencontrèrent Cammy. Cependant, ils ne lui adressèrent pas la parole. L'adolescente se contenta d'agrandir l'élastique à cheveux de la jeune femme de quelques millimètres, sans qu'elle ne se doute de quoi que ce soit.

Cela lui permettait de localiser Cammy, tant qu'elle continuait de le  porter.

Le concept de l'habillement permet à son utilisateur de contrôler les vêtements, mais également tout ce qui est en rapport avec l'apparence d'un individu.

Trash et Annie réfléchirent longuement à comment convaincre leur modèle de les rejoindre. Alors, pour être sûrs qu'elle serait de leur côté, ils décidèrent de la tester. Ils indiquèrent à Simeon le lieu où Cammy habitait. Non seulement, ils ne regretteraient pas l'adulte à cause de son caractère associable, mais en plus, s'il ne revenait pas vivant, cela signifierait que la jeune femme serait capable de tuer.

Leur expérience se conclut par un succès. Mais ils ignoraient que c'est Al qui avait affronté Simeon.

Ils mirent ainsi le plan en marche.
Par chance pour Annie et Trash, Cammy portait toujours son élastique à cheveux chez Kerry et ils purent la retrouver sans difficultés.

Quand Cammy se retrouva seule dans la chambre, Annie créa une grosse botte derrière elle, avec laquelle elle l'assomma. Elle contrôla ensuite l'ensemble des vêtements de la jeune femme pour faire bouger son corps, telle une marionnette.

Elle se jeta par la fenêtre. Annie et Trash la réceptionnèrent dans la rue. Il ne restait plus qu'à la convaincre d'adhérer à leur mission d'éradication.

***

Trash reprend connaissance, en fin d'après-midi. Annie lui sourit et tend sa main, l'aidant à se relever.

« Alors, on a vraiment perdu... ? » réalise-t-il, encore étourdi.

Annie hoche la tête et il souffle. Ils sortent dans le couloir. Un détail retient tout de suite l'attention de la jeune fille. Elle se précipite vers l'objet et le montre à son copain.

Ce dernier est intrigué.

« La pantoufle de Cammy ? Qu'est-ce qui s'est passé... ? »

***

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