Chapitre 52 : Alex prend la relève

Suite à un combat acharné, Skill parvint à renverser la situation et vaincre Invincible. Il n'hésita pas à l'achever aussitôt.

***


Skill sort du creux, tenant dans sa main, la tête de l'homme autrefois invincible. Les acolytes de ce dernier sont abasourdis.

Le blond a du sang qui coule de ses narines, yeux et oreilles. Ses bras sont anormalement gonflés. Chaque seconde qui passe, ses veines grossissent, tous les muscles de son corps doublent de volume. Sa tête s'enfle, prête à littéralement exploser.

Skill jette la tête du criminel sur le sol et ses muscles dégonflent petit à petit, pour redevenir normaux. À bout de force, il se laisse tomber et s'écroule de tout son long par terre. Alex, malgré la vive douleur de sa blessure au ventre, marche lentement vers lui, la main sur sa plaie béante. Il arrive près de son chef et murmure :

« Tu as réussi... c'était trop badass, mec... Par contre, t'es dans un piteux état...

- Oui, confirme Skill, exténué. Son pouvoir était trop puissant. Je ne pouvais pas le copier pendant plus d'une minute. Quelques secondes de plus et mon corps ne l'aurait pas supporté.

- Ouais, j'ai vu... T'allais éclater comme un ballon... Il ne manquait que la petite aiguille et PAF... »

Alex glousse, tandis que Skill, las, ne trouve rien de drôle à sa blague. Cependant, l'estomac endolori du subordonné lui brûle l'abdomen et il arrête immédiatement ses esclaffements pour se plier en deux de souffrance. Il se redresse et reprend, plus sérieux :

« Y a toujours le menu fretin. Je m'en occupe. »

Skill hoche de la tête et se contente d'observer. Alex s'avance en titubant vers Roger, le second de la bande. L'acolyte du criminel décédé, toujours interdit, ne réagit pas, jusqu'à ce que son nouvel adversaire s'approche de lui à moins de deux mètres.

« Votre fameux Invincible ne l'était pas tant que ça, finalement... Tu l'as dans le cul, hein... ? » se moque Alex.

Bien qu'il ne soit pas en état de plaisanter, un large sourire triomphant se dessine sur ses lèvres. Face à la provocation, Roger se renfrogne, puis rétorque, pas si attristé que ça :

« Il n'était pas si fort que ça, finalement ! Bon débarras. Désormais, c'est moi le chef du groupe !

- Aucun respect pour ton patron... Tu es donc si pathétique que ça ? s'indigne Alex.

- Garde ton respect dans votre monde de bisounours. Le chef n'est pas toujours le plus noble, argumente Roger. C'est celui qui se hausse au-dessus des autres qui commande, quitte à écraser ceux qui le gênent. C'est comme ça que ce monde fonctionne.

- Je n'ai plus rien à dire à un type comme toi. Réglons ça rapidement, défie Alex, répugné par l'attitude de son ennemi.

- Qu'est-ce que tu espères faire dans ton état ?! »

Roger fait un rictus condescendant, considérant déjà la victoire comme acquise. Il sort un smartphone de sa poche.

« Ce type... son concept est celui des écrans ! se rappelle Alex, en état d'alerte maximum. Il peut piéger tout ce qu'il veut à l'intérieur d'un écran, tant qu'il y en a aux alentours ! »

Roger tend son téléphone. Aussitôt, une lumière bleutée en forme de vortex se produit et engloutit Alex. Ce dernier perd le contrôle de son corps, qui se fait aspirer par l'écran, dans lequel il restera enfermé à la guise de l'utilisateur.

Les yeux écarquillés de stupeur, il est physiquement impuissant face à la technique imparable. Il se fait progressivement absorber, en même temps que la poussière et les blocs de bitume autour de lui.

Un immonde sourire victorieux se trace sur le visage de Roger. Il aura enfin son heure de gloire, lui qui était dans l'ombre de son chef pendant tout ce temps.

Le corps d'Alex est à quelques millimètres de l'écran, quand le téléphone glisse soudain des mains du criminel. Ce dernier est tellement médusé que sa technique s'annule.

Toujours attiré vers lui, Alex profite de son élan. Il concentre son Drive dans ses muscles du bras et assène un énorme lariat à Roger dans la gorge, le redoutable coup de biceps.

Le hors-la-loi crache du sang, suffoque, et se fait sauvagement propulser contre le sol, dans un immense fracas. Les débris volent autour d'eux et l'assassin se retrouve enterré dans une énorme cavité creusée dans le goudron.

« Impossible, pense Roger, la gorge flambante. J'étais pourtant sûr de tenir fermement le téléphone. Alors, pourquoi... ? »

Alex saisit l'appareil et le montre à son propriétaire, narquois. Le visage de Roger se décompose d'angoisse, lorsqu'il brise l'écran d'une simple pression avec son pouce.

« Oups, que je suis maladroit... nargue l'acolyte de Skill. On dirait bien que y a aucun autre écran dans les parages... »

Roger laisse exploser sa colère face à l'insolence de son adversaire et se relève, ignorant la douleur. Il est prêt à en découdre avec ses poings. Lorsque le pied du criminel prend appui sur le sol pour se jeter sur son ennemi, il trébuche et tombe ridiculement, la tête la première.

Il essaie à nouveau de se relever, mais cette fois, c'est sa main qui glisse et il chute de nouveau sur son menton. Une troisième tentative de se tenir debout se solde par un échec. Ses yeux sont exorbités, tant il est déboussolé.

« Qu'est-ce que... quelle est donc cette capacité ?! Bande d'incapables ! Réglez-moi vite son compte ! » aboie-t-il sur les humains.

Guidés par la peur, les concernés sont contraints d'obéir. Ils courent en direction d'Alex, quand soudain, ils perdent l'équilibre à leur tour. Alerté par le bruit de leur chute, Roger comprend.

Les humains tentent tant bien que mal de se relever, mais leurs membres refusent de leur obéir, et ils enchaînent chute sur chute.

« Tu comprends, maintenant ? Vous ne faites pas le poids, affirme catégoriquement Alex, dont la blessure commence à se refermer.

- Comment... ? Pourquoi... ? Nous n'avons pourtant jamais perdu... ! frémit Roger, défait.

- Pourquoi vous avez perdu ? C'est pourtant simple. Parce que Skill est le meilleur, déclare-t-il, manifestant une confiance absolue. On ne peut pas perdre à ses côtés. Enfin... si on fait bien ce qu'il demande, en tout cas », finit-il par ironiser, faisant allusion à une certaine personne.

Roger se retrouve acculé, aussi bien physiquement que mentalement. Poussé par son appréhension, voulant s'accrocher à la vie par tous les moyens, il propose désespérément :

« Alors, laissez-moi vous rejoindre !! Je peux vous être uti... »

Le criminel paniqué n'a pas eu le temps de terminer sa phrase, qu'Alex se jette dans le creux et écrase son visage d'un coup de pied direct, laissant un grand trou dans sa figure, et ses yeux sortis de leur orbite.

Dégoûté par le sang qui tâche son talon, il ajoute :

« On ne s'associe pas avec les cafards. On les écrase. »

Alex sort du creux et se dirige par la suite vers les humains, qui tremblent d'effroi face au sort funeste qui les attend.

« S'il vous plaît, épargnez-nous ! supplie le premier.

- Nous n'avons rien fait de mal, ils nous y ont obligés !! » ajoute le deuxième.

Alex se gratte la tête. Il se laisse guider par ses scrupules et demande l'avis de son chef, non loin :

« Euh, je fais quoi ?

- J'aurais une question à vous poser, je ne me répèterai pas... annonce Skill, calme, comme à son habitude. Avez-vous déjà tué des personnes qui ne vous ont rien fait ? »

Les humains ne répondent pas tout de suite. Ils réfléchissent minutieusement à leur réponse, car leur vie en dépend. Ils optent finalement pour l'honnêteté, espérant la clémence des mystérieux justiciers.

« O-oui... confirme l'un d'eux, la voix tremblante. Mais nous n'avions pas le choix...

- Si on ne leur obéissait pas, nous...

- Fais-le, Alex. Rapidement et proprement » tranche sans hésiter Skill, indifférent à leurs excuses.

Les deux humains, tout d'abord estomaqués, continuent les supplications, terrorisés, au bord des larmes :

« Ayez pitié, essayez de nous comprendre... ! »

Skill ne répond pas, impassible.

« Des héros comme vous peuvent compren...

- Héros ? raille Alex. Skill n'est pas un héros. On s'en fout de vos excuses. Vous avez tué des innocents, même si le terme innocent est à relativiser. Vous avez préféré sacrifier tous ces gens juste pour votre propre gueule. C'est pas à nous qu'il faut demander de la pitié, en tout cas. »

La bouche grande ouverte, les humains restent tétanisés face à leur décision impitoyable.

S'ensuivent des hurlements macabres déchirant le calme de la nuit.

***


Alex a repris des forces, bien qu'épuisé. Sa blessure au ventre est complètement guérie, mais il chancelle. Il accompagne Skill, qui s'appuie sur son épaule.

« C'est pas tous les jours qu'on te voit dans cet état... s'amuse Alex, qui ne peut s'empêcher de pouffer de rire. Regarde-nous marcher... on dirait des morts-vivants... »

Skill ignore la remarque, préoccupé par autre chose.

***


Elle était blonde. Son ventre n'était pas encore très visible, mais la vie qu'elle portait lui faisait arborer un sourire radieux. Elle était débordante de bonheur.

« Bonne nouvelle, Marshall, ça sera une petite sœur ! taquina-elle.

- Quoi ? rouspéta le petit Marshall. Une fille ?! C'est nul, je voulais un petit frère, moi. Comme si Liz ne m'embêtait pas déjà assez !! »

***


Skill secoue sa tête pour chasser ces bribes de souvenirs lointains...

« Alex, conduis-moi là où je vais t'indiquer... » ordonne-t-il soudainement, guidé par son odorat.

Le subordonné, légèrement étonné, n'essaie pas de discuter et s'exécute.

Après avoir traversé de nombreuses rues, ils arrivent finalement dans un coin sombre, près d'un magasin de vêtements. Ils y trouvent une petite fille, la tête entre les genoux. Le bruit de leurs pas attire son attention. Elle relève son visage, dévoilant ses joues rondes trempées et ses gros yeux naturellement rouges, noyés par les larmes. De son teint marron et ses courts cheveux noirs qui s'arrêtent à la nuque, elle fixe les deux hommes, d'un air empli de crainte.

Son petit nez n'arrête pas de sniffer et ses lèvres fines ne cessent de trembler.

« Pourquoi tu nous as emmenés ici ? questionne immédiatement Alex. Qui est cette gamine ? D'ailleurs, elle semble beaucoup souffrir. Un nigh dans cet état est dangereuux. Il ne vaudrait pas mieux la neutraliser ? »

Bien qu'elle n'ait rien compris à son allusion, la présence d'Alex, surtout ses horribles cernes, effraie la petite nigh, qui se recroqueville sur elle-même.

« J'ai assez récupéré. Merci, Alex. Tu peux disposer, répond tranquillement Skill.

- Tu changeras jamais, toi. »

Faisant mine d'être découragé par le manque de communication de son chef, Alex lui fait une tape dans le dos, taquin, avant de se retirer.

Skill n'y prête pas attention.

L'absence d'Alex rassure un peu plus la petite, qui se convainc qu'elle n'a rien à craindre de l'homme qui l'a sauvée.

« Comment t'appelles-tu ? demande Skill.

- Je... je m'appelle Chara... balbutie-t-elle.

- Tu as de la famille quelque part ?

- Si, mais... »

Chara s'arrête, soudain prise par une vague d'émotions affligeantes.

« Dis-moi, tu n'as rien à craindre, insiste inhabituellement Skill.

- Ma tante me frappait à chaque fois que maman et papa n'étaient pas là... Y a aussi papi et mamie. Ils me détestent. Je veux pas... je veux pas retourner avec eux... »

Elle marche et s'agrippe de toutes ses forces à la jambe de Skill. Car pour une raison qu'elle ignore, rares sont les personnes, même au sein de sa famille, qui se sont montrées aussi bienveillantes avec elle.

Elle ne sait pas que tous s'opposaient à l'union entre un nigh et une humaine et la méprisent à cause de son métissage.

Skill se doute bien de toutes ces raisons. Il répond donc :

« ... Alors tu vas venir avec moi. »

Chapitre Suivant

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Chapitre 80 : Le retour

Chapitre 113 : Nouvelles promesses (Épilogue 2)

Chapitre 81 : Le réveil