Chapitre 7 : Attaque surprise.

Dans l'espace vert, Cammy attend le jeune homme sur le même banc que ce matin. Elle se trouve sous l'ombre d'un des grands arbres qui l'entourent, les pieds sur les herbes dansant au rythme du vent. Un endroit parfait pour se détendre, même si les immeubles et véhicules à moteur pullulent à quelques dizaines de mètres de là.

Cammy est toujours bouleversée par les révélations qu'elle a apprises sur la brigade. Néanmoins, après réflexion, elle se dit qu'elle ferait mieux de ne pas en parler à Al. S'il l'apprend, cela pourrait le mettre en danger, car elle ne peut pas prévoir sa réaction. Elle se contentera de faire comme si de rien n'était.

Finalement, il arrive avec une tasse de café dans sa main droite, et un petit livre dans la gauche. Contente de le voir, elle s'exclame :

« Te voilà ! »

Son expression passe de la joie au dégoût en voyant la tasse de plus près.

« Beurk, c'est quoi ça ?! s'exclame-t-elle.

— Ça s'appelle de l'art, rétorque-t-il en s'asseyant avant de prendre une gorgée.

— T'as de la chance qu'il n'y ait personne dans le coin... »

Elle affiche ensuite un sourie taquin et demande :

« Bon alors, il est où, mon chèque géant ? »

Il répond avec son sarcasme habituel, sans décrocher le moindre sourire :

« Ah oui, c'est vrai... j'avais oublié que j'étais une célébrité pétée de thune. Je suis tellement plein aux as, que j'ai de la chance si j'ai trois repas par jour. »

Elle souffle, nullement amusée.

« Dommage que tu ne sois pas capable de rigoler. Ça rend tes blagues encore plus moisies. Au fait, pourquoi tu cherches pas un job, si tu es dans la galère ? »

Il baille comme un hippopotame, avant de se justifier :

« Je suis pas assez motivé pour travailler pour quelqu'un...

— Je confirme, personne voudrait d'un zombie comme toi. »

Elle change aussitôt de sujet de conversation, débordante d'énergie :

« Au fait, tu as entendu parler de ces histoires d'amitiés de longues dates qui se brisent partout récemment ? C'est devenu un phénomène récurrent !

— Passionnant... soupire-t-il, ennuyé.

— J'ai même vu un article dessus, tu veux le lire ? continue-t-elle, n'ayant visiblement pas compris l'ironie d'Al.

— C'est la dernière chose qui m'intéresse en ce moment. »

Elle boude, un peu exaspérée par son manque de vitalité.

« Écoute, s'apprête-t-elle à reprocher, je sais que tu fais pas exprès, mais...

— Au cas où tu l'aurais oublié, on n'est pas là pour faire la causette. »

Elle le pardonne aussitôt. Enthousiaste, elle confirme :

« C'est exact ! Tu disais que t'allais m'aider, n'est-ce pas ?!

— Oui, c'est pour toi. »

Il lui tend calmement un vieux roman. Elle fixe l'objet, déconcertée.

« Qu'est-ce que ça veut dire ?

— En vrai, ton histoire a de très bonnes idées, mais c'est trop brouillon, explique-t-il. Si tu veux qu'elle soit bien écrite, il faut commencer par maîtriser ce qui existe déjà. En plus, c'est toujours intéressant d'analyser une œuvre et comprendre qu'est-ce que ça raconte. Ton truc, c'est du nekketsu. Ce livre est du même style. Alors, peut-être que ça te parlera.

— Euh... merci... »

Elle saisit l'ouvrage. Bien qu'elle soit prise au dépourvu, elle apprécie beaucoup l'attention. Il cherche vraiment à l'aider à sa manière. En plus, elle reconnait qu'il n'a pas tort. Si elle veut progresser, des critiques sont les bienvenues, mais s'intéresser à l'existant et s'en inspirer n'est pas plus mal.

Elle n'aime pas lire. Néanmoins, très motivée, elle est prête à faire l'effort, voire à se forcer.

Une trentaine de minutes passe sans qu'ils ne s'adressent la parole. Cammy est pleinement concentrée sur sa lecture, tandis qu'Al manipule tranquillement son téléphone.

Soudain, le silence est rompu.

« Bonjour ! salue Agiel d'un ton amical.

— Hello », répond Cammy, focalisée sur sa lecture.

Al détache ses yeux de l'écran.

« Toi... ? Qu'est-ce que tu fais ici ? dit-il, étonné.

— Grosse coïncidence, n'est-ce pas ? Je viens souvent ici. J'adore la quiétude de cet endroit, affirme Agiel d'un air sympathique. Tu fais les présentations, Al ? »

C'est une occasion parfaite, il doit mettre le paquet. Il réfléchit un peu et se lance, se donnant à fond dans son discours :

« Agiel, je te présente Cammy : elle aime écrire des histoires. Cammy, je te présente Agiel : elle adore manger des films. Agiel, je te recommande vivement de lire son récit. C'est pas mal du tout. Et puis, qui sait ? Peut-être qu'un jour, son livre sera adapté au cinéma. Tu pourras alors dire : j'y étais ! présente-t-il, grandiloquent.

— Oh, tu fais de la pub pour elle ! glousse Agiel. C'est trop gentil. »

Néanmoins, Cammy ne l'a pas entendu de cette oreille. L'exagération dans le ton du jeune homme lui donne l'impression qu'il se moque d'elle. Elle fronce ses sourcils, agacée.

« Vous êtes amis depuis longtemps ? continue Agiel, curieuse.

— Amis ? intervient Cammy, très irritée. On s'est rencontré hier. Je suis tout sauf amie avec ce zombie. »

Ébahi par son changement d'humeur brusque, Al a les yeux exorbités. Cependant, il ne répond pas à la provocation.

« Non seulement tu te fous de ma bouche devant les gens... ! blâme Cammy. Mais en plus, sérieusement, t'appelles ça aider ? Tu dis que t'es dans la galère, mais si t'as les moyens de t'acheter tout le temps des bouquins et de boire du café comme un trou, tu peux bien me prêter un peu de thune ! Mais non, tu préfères me filer un roman plus soporifique qu'un milliard de tonnes de somnifère, sous prétexte que ça va m'aider à écrire de meilleures histoires. Comme si j'avais besoin de ton truc ancestral. T'es pas mon pote, c'est clair ?! »

S'emportant, elle balance le livre sur le sol, ce qui énerve Al.

En fait, il n'a pas menti sur sa situation. Il utilise ses maigres revenus pour acheter de nouvelles œuvres à présenter et critiquer. Sinon, comment publier du nouveau contenu sur son blog ? Quant au café, il est souvent fatigué à se battre tout le temps, faire des recherches, lire et regarder des œuvres en tout genre, rédiger et publier ses critiques, répondre à ses abonnés... Tout ceci fait que ses heures insuffisantes de sommeil ne comblent pas la fatigue accumulée, qu'il noie dans sa boisson chaude. Au final, il subvient — de justesse — à ses besoins primaires et n'a pas des sommes colossales à épargner.

Toutefois, ce n'est pas cette réponse qu'il fournit à Cammy. Se laissant dominer par une fureur soudaine, il balance sans retenue :

« Mon livre ! Un peu de respect pour les vraies œuvres, OK ?! Si t'avais assez de neurones pour comprendre que tu dois lire des trucs, ça t'éviterait de pondre une histoire de merde ! »

Cammy écarquille ses yeux. Sa colère, qui était capricieuse, passe à un autre niveau.

« Comment... ? Qu'est-ce que tu as osé dire... sur mon bébé... ?!

— T'as bien entendu », lâche-t-il sans remord.

Cammy se mord la lèvre, débordée par la rage. Elle s'en va en prononçant d'un ton extrêmement haineux :

« Va crever. »

Al se ressaisit. Il regrette déjà.

« Attends, je ne le pensais p...

— Oublie-moi ! Jamais je te le pardonnerai ! »

Sur ces dernières paroles, Cammy disparaît. Contrairement aux fois précédentes, les paroles d'Al l'ont réellement blessée. Et cela, il l'a senti dans le ton qu'elle a employé, l'expression de son visage. Lui qui a l'habitude de se contrôler, il ne comprend pas comment il a pu se laisser submerger autant par ses émotions, au point de cracher des propos sans réfléchir.

Comment ont-ils pu en arriver là ? Son présent semblait même avoir fait plaisir à Cammy.

C'est vraiment étrange.

Agiel le sort de ses pensées, compréhensive à son égard :

« Tu n'as pas à te sentir coupable. Regarde ce qu'elle a fait à ton livre. »

Voyant son livre froissé, avec quelques pages en moins, la colère remonte en lui et les remords s'envolent.

Agiel ramasse le livre et constate que ça ne lui est pas inconnu.

« Oh tu as donc le roman, remarque-t-elle. Je n'ai pas lu le support d'origine, mais j'ai regardé l'adaptation en film. C'était fabuleux !

— Bof », soupire-t-il, las.

Cette remarque ne plaît pas à Agiel.

« Comment ça, bof ?! répète-t-elle.

— Le roman est dix fois mieux que le film, mais il faut l'avoir lu pour s'en rendre compte.

— OK, en tant que lecteur, je ne conteste pas ton avis. Mais si on oublie le livre, on est d'accord que le film en tant qu'œuvre à part est également fabuleux ?

— Non. »

Elle le dévisage, indignée. C'est inacceptable.

« Qu'est-ce que...

— Là, tu te dis certainement que je me fous de ta gueule, qu'on ne peut rien reprocher à ce film parfait. Mais si tu me laisses le temps, je vais te donner quelques arguments pour t'expliquer pourquoi ce n'est pas aussi génial que la fan-base nous le vend, avance-t-il, bien décidé à la persuader.

— Eh ben, je t'écoute, monsieur le critique professionnel. Expose-moi donc tes arguments. »

Elle croise ses bras, attendant de pied ferme qu'il justifie ses propos pour les contredire un par un.

Un débat constructif s'installe donc, où chacun tente d'expliquer pourquoi ce long-métrage mérite sa réputation, ou non. Ça se termine par un match nul, les deux individus comprenant que rien ne fera changer l'avis de l'autre.

Pendant ce temps, ils sont observés par des personnes dissimulées derrière les arbres, non loin d'eux.

« Je suis impressionné, félicite Al.

— Pourquoi ?

— Je suis étonné qu'une fan girl n'ait pas insulté ma famille, mes ancêtres et ma descendance, après que j'aie critiqué négativement son œuvre préférée, affirme-t-il, malicieux.

— Pff, tu crois vraiment que c'est mon genre de me rabaisser à faire ça ? »

Elle esquisse un sourire, amusée par leur échange. Al lui fait un signe d'au-revoir de la main et annonce, nonchalant :

« Bon, je dois te laisser, j'ai des recherches à faire.

— Quel genre de recherches ?

— Je cherche un type qui... »

Il est interrompu par deux hommes qui se dirigent vers eux. Tous les deux courts de taille, avec des cheveux d'un bleu sombre, pratiquement noirs, portent chacun un masque. Sur la figure de celui de gauche, s'affiche en fond blanc, le motif simple d'un visage souriant, et celui de droite, un dessin sur fond noir qui exprime le mécontentement.

Lorsque les deux individus suspects s'approchent d'eux à moins d'un mètre, subitement, ils sortent chacun une arme à feu de petit calibre et les pointent sur Al et Agiel.

« Je te tient enfin, Al, ricane l'un d'eux. La dernière fois, j'ai tenté de t'abattre à distance et ça a échoué. Je dois admettre que tes aptitudes physiques sont exceptionnelles. Cependant, à une distance aussi courte, pourras-tu vous sauver, toi et ta copine ?! Quoi que tu fasses, l'un de vous mourra aujourd'hui, ici et maintenant !

— Ah, c'est toi, Cloner, devine Al d'un désintérêt absolu. La dernière fois, tu t'es débrouillé pour t'enfuir, mais là, je dois te remercier d'être venu te livrer de ton plein gré. »

Agiel est intriguée par leur conversation. Elle s'y immisce :

« Qui sont ces gens ? Qu'est-ce qu'ils te veulent ?

— C'est une seule personne, un nigh, explique Al, monotone. On surnomme ce type Cloner, parce qu'il a la capacité de créer un double de tout ce qu'il veut. Son concept est celui du chiffre deux, autrement dit, il ne peut créer un double qu'une seule fois. Il a été renvoyé à tort de l'entreprise où il était salarié, pour une faute qu'il ne considérait pas comme assez grave pour justifier un licenciement. Il a donc décidé d'attaquer l'entreprise en justice. Cependant, il a perdu. Accusant le juge de corruption, il a pété un câble et l'a buté, puis s'est enfui. Désormais, il s'attaque à des innocents pour piller et faire d'autres conneries du genre, tellement il a la haine. Je l'ai croisé plusieurs fois. Pour chaque rencontre, il avait droit à une raclée. Puis, il s'enfuyait de nouveau. En gros, il est venu pour se venger.

— Tu aurais pu résumer ton exposé de sociologie avec la dernière phrase, tu sais, souffle Agiel. Personne ne t'a demandé de raconter sa vie.

— Il faut bien que quelqu'un fasse l'exposition », raille-t-il.

N'ayant plus aucune raison de se cacher, Cloner retire ses masques, dévoilant ses yeux marron, des lèvres très charnues et le visage d'une personne ayant la trentaine.

Il explose de rage face au comportement désinvolte d'Al. Celui qui est en face d'Agiel l'attire de force vers lui et la prend en otage. Il serre brutalement sa gorge, colle l'arme contre sa tempe et enchaîne :

« Vous avez fini de vous foutre de moi ?! Al ! Au moindre geste suspect de ta part, je lui explose la cervelle ! Choisis, c'est toi ou elle ! ordonne-t-il, tandis que son double a toujours son arme pointée vers le jeune homme.

— Oh non, situation désespérée, qu'est-ce que je vais faire ? s'écrie Al, jouant médiocrement la comédie. Réflexe ! »

Après avoir prononcé le dernier mot, Al sort très rapidement le carnet qu'Agiel lui avait donné de sa poche et le jette brusquement dans sa direction.

Le réflexe s'enclenche.

Malgré la vitesse phénoménale du projectile, la demoiselle le réceptionne d'un mouvement fluide et dynamique. Éberlués, tous ont les yeux rivés sur le bloc-notes, entre les mains de la blonde. Ils se demandent à quoi joue Al, dans un moment pareil.

Al plisse ses yeux, extrêmement attentif.

Puis, il reprend un air totalement indifférent :

« Fais d'elle ce que tu veux. »

Il termine son café devenu froid et pianote son téléphone, serein.

« Hé ! T'as perdu la cervelle, ou quoi ?! hurle Cloner, dont le courroux ne cesse de s'intensifier. T'as envie qu'elle crève ?! »

La seule réponse à laquelle le manieur d'armes a droit est un bâillement. Al ne lui porte visiblement pas la moindre attention.

« Alors, tu veux jouer à ça, hein ? pense Cloner. Tu fais comme si tu t'en fichais de ta petite amie pour que je la relâche ?! Pauvre fou, ça va se retourner contre toi. Je vais lui défoncer le crâne. Lorsque tu verras son cadavre, ça te fera un tel choc que tu seras déstabilisé. J'en profiterai pour te faire la peau ! »

Sa réflexion terminée, l'index de Cloner incline dangereusement la détente. Voyant l'expression d'Al, Agiel réalise qu'il ne lui viendra pas en aide. Elle se sent vexée.

Un bruit de détonation se fait entendre.

Stupéfait, Cloner constate qu'Agiel a saisi la main qui détenait l'arme au dernier moment, pour la décliner vélocement vers le ciel, changeant ainsi la trajectoire de la balle.

Le deuxième Cloner, se trouvant face à Al, se retourne et tire sur la demoiselle. En plein mouvement, la balle déclenchée se dédouble.

Cependant, d'une facilité déconcertante, elle arrête très vite les balles... À mains nues.

La bouche grandement ouverte, Cloner est ahuri de voir que la jeune femme tient les deux projectiles entre ses doigts, comme de vulgaires billes.

Le temps que l'adversaire se remette de ses émotions, Agiel se libère sans pression et retourne s'asseoir. Très énervée, elle gronde Al :

« Tu aurais pu m'aider, au moins !! Tu aurais fait quoi, s'il m'avait tuée ?

— T'inquiète, je savais que t'avais rien à craindre » ? déclare-t-il en lui lançant un clin d'œil.

Agiel et Cloner fixent Al, ébahis. Le criminel réagit :

« Qu'est-ce que tu dis ?! Alors c'est pour ça que t'en avais rien à faire ?!

— Eh ouais. En fait, je me doutais depuis un moment qu'elle savait se défendre seule, avoue calmement Al. Je lui ai balancé le carnet pour deux buts. Le premier, vérifier si elle pouvait le gober, ou pas. Je l'ai envoyé suffisamment fort pour qu'une personne aux capacités physiques normales ne puisse jamais le réceptionner. Et le deuxième, au cas où elle serait une demoiselle en détresse, détourner ton attention. Lorsque je l'ai jeté, vous avez tous été distraits, ton clone y compris. J'en ai profité pour introduire ça dans tes flingues. »

Al fait apparaître une étrange fumée noire du bout de son index.

« Qu'est-ce que c'est ? Ça a quel effet ?! interroge Cloner, perturbé.

— Tire pour voir », provoque Al.

Lorsque le doigt du criminel en face d'Al frôle la détente, son arme à feu se transforme en fumée noire et disparaît intégralement. La nuée se fait emporter par le vent léger. Sa paume droite, noircie par la matière, se désintègre partiellement. Cloner tombe au sol, tenant avec douleur sa main sanglante. Cependant, la blessure n'est pas profonde, seule sa peau a disparu.

« Dois-je te rappeler les propriétés de mon pouvoir ? continue Al. Il suffisait que je l'active pour que tes jouets soient réduits à néant, et accessoirement, ce qui était en contact avec.

— Tu as un pouvoir ?! s'étonne Agiel. Alors, tu es un nigh ?!

— Non, répond le jeune homme. Mais je vais t'expliquer plus tard. »

Cloner se relève, grinçant des dents, tant sa haine est viscérale.

« Alors... tu avais tout prévu depuis le début... ?! Je vois... j'ai été stupide de ne pas me douter qu'elle était moins frêle qu'elle le laisse paraître. Mais dis-moi... es-tu au courant que...

— Ça suffit, lui coupe la parole Al, contrarié par son obstination. Tu as perdu, lâche l'affaire.

— Ce n'est pas terminé ! Nous nous reverrons, Al !

— Si, c'est terminé, intervient Agiel. Tu n'as nulle part où aller. »

Face à l'air confiant de la blonde, Cloner la toise avec dédain et rétorque :

« Qu'est-ce qui te fait croire que l'un de nous est l'original ?! Si ça se trouve, je n'ai envoyé que des doubles !

— Ton concept est bien celui du chiffre deux, non ? continue Agiel. Tu ne peux créer un double qu'une fois, afin qu'il puisse exister deux fois une même entité. Autrement dit, vous ne pouvez pas être trois.

— Pauvre idiote ! renchérit Cloner, méprisant. Je peux créer un double de mon double, ainsi, nous seront trois !

— Prouve-le, alors », défie la jeune femme, très sûre d'elle.

Pris d'un élan de fierté, le criminel est déterminé à rabattre le caquet d'Agiel. Le double qui est face à Al, la main blessée, commence à se fendre, tel un caramel qu'on étire et finit par se dédoubler. Il y a donc effectivement trois Cloner.

« Qu'est-ce que tu dis de ça ?! se vante le criminel.

— Bravo. Maintenant, on sait que c'est toi l'original, se moque-t-elle, pointant du doigt le Cloner en face d'elle.

— C'est qui l'idiot, maintenant ? gausse Al.

— V-Vous... ! tente de rétorquer Cloner, impuissant.

— Abandonne, tu n'as plus aucune carte à jouer », ordonne Agiel.

Le Cloner original s'écroule sur ses genoux. Lui qui, d'habitude, n'abandonne jamais et trouve toujours un moyen de s'en sortir, jette l'éponge. Il est tout à coup envahi par un sentiment de désespoir contre lequel il ne peut lutter.

Son désir ardant de tuer Al de ses propres mains l'a conduit à sa perte. Il n'aurait jamais dû commettre l'erreur de se présenter en personne.

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