Chapitre 26 : Le stylo.

Al dut mettre ses recherches sur son frère de côté pour trouver l'individu qui était à l'origine des mystérieuses disputes partout dans la ville. Il parvint à démasquer la responsable de ces évènements, qui n'était autre qu'Agiel - Angela. Suite à un long duel psychologique, celle-ci décida de mettre fin à ses actes.

Quant à elle, Cammy comprit après avoir échoué lors de son entretien, que le but de la brigade était tout simplement d'éradiquer tous les siens. Elle fut coincée par J., dont elle finit par comprendre les réelles motivations. Leur duel se solda par un match nul, puis Spie intervint. Il échoua à corrompre la jeune femme, qui survécut au détriment de la vie du criminel.

Al trouva finalement une piste concernant Floyd, mais aura-t-il ses réponses aussi facilement ?

***

Il ne se fait pas très tard, mais les derniers évènements l'ont épuisé. Al se débarrasse de son téléphone, se jette dans son lit, et trouve le sommeil dès qu'il ferme ses yeux.

Le lendemain matin, il enlève ses bandages, fait sa toilette, prend son petit déjeuner, et se met en route pour la brigade anti-nigh. Une fois arrivé, il est informé que celui qu'il cherche n'est pas en état d'assurer son service. Le jeune homme décide donc d'aller le voir directement à son domicile, vers le centre de la ville.

Il arrive devant la porte de sa maison, quand son téléphone sonne.

« ... Mouais ? décroche Al.

- La suite... répond une voix harassée.

- Cammy... ? réplique-t-il, un peu confus. Quelle suite ? De quoi tu parles ?

- Bah de ton livre...

- Sérieux tu as déjà bouffé tout le tome un ? s'étonne-t-il. Toi, je parie que tu as fait une nuit blanche... Là je suis un peu occupé. Je te prêterai tous les tomes si tu veux... Plus ta...

- Mais non, tu peux pas me faire ça... ! l'interrompt-elle d'une voix soudainement vive. Je veux savoir ce qui va se passer, tout de suite !!

T'es clairement pas prête pour la suite. Une seconde, je croyais que tu détestais lire... soupire-t-il.

- J'ai changé d'avis. Les nekketsu ça vaut le coup.

- Ok. À plus...

- Attends ! Je peux te les acheter si tu veux.

- De quoi ?! Tu n'es pas censée être dans la galère, toi ?

- Oui, mais j'ai une minuscule réserve venant de mes boulots précédents.

- Garde ça pour ton loyer. Et si tu allais dormir... ? Le sommeil c'est important, lui conseille-t-il comme un père à sa fille, avec apathie.

- Et après je fais quoi en attendant le lundi ?

- Lundi ? Tu as trouvé un nouveau job ?

- Non, j'ai rendez-vous avec une psy.

- Là je confirme, t'en as vraiment besoin.

- Qu'est-ce que tu insinues, là ? grommèle-t-elle.

- C'est qui, la psy ? ignore-t-il sa question.

- Agiel, tu sais, la fille qui traînait avec toi, la dernière fois.

- Je m'en doutais, bonne séance. Ne l'embête pas trop.

- Merci. Et... ».

Puis il lui raccroche au nez avant de sonner à la porte. Il l'imagine déjà verte de rage à l'autre bout du fil, mais il n'a pas plus de temps que cela à perdre.

Il se tient devant une grande maison blanche à deux étages, et patiente quelques minutes. Une femme aux yeux marron, dépassant la cinquantaine, vient lui ouvrir.

Ses cheveux noirs, au milieu desquels l'on peut apercevoir de minuscules touffes blanchies par l'âge, s'étendent jusqu'au haut de sa nuque. À cela s'ajoute une petite ride près de son grain de beauté à quelques centimètres de sa bouche, en dessous de laquelle s'étend son long et fin cou.

« Bonjour, est-ce que J. est là ? formule-t-il poliment.

- Oui. Qui es-tu ? répond Mary.

- Je suis... Disons une connaissance. Vous êtes sa mère ?

- Non, je suis sa tante. Entre donc ».

Al pénètre ainsi dans le couloir.

« Est-ce que je peux vous demander un autographe ? » requête-t-il.

Mary plisse ses yeux. Il a fait sa demande avec un apparent désintérêt total, comme s'il se moquait d'elle.

« Vous êtes bien Mary Claret ? J'étais fan de vos romans quand j'étais ado. Vous êtes la seule à qui j'ai donné dix sur dix dans mes reviews.

- ''Étais'' ?

- Oui. Quelque part je le suis toujours, mais c'est un peu compliqué. Ce qui est sûr c'est que vous n'y êtes pour rien.

- D'a... D'accord, où est-ce que je signe ? » accepte-t-elle, néanmoins confuse par les propos incompréhensibles du jeune homme.

N'ayant aucun autre support à proposer, Il sort une bande dessinée de sa poche gauche, ainsi qu'un stylo de la droite, qu'il garde toujours sur lui par habitude de croiser des fans.

Son manga lui échappe des mains par mégarde et s'ouvre sur une page. Mary le ramasse pendant qu'Al sort le stylo. Lorsqu'elle voit le contenu, elle ne peut s'empêcher de rougir.

Voyant son embarras soudain, le jeune homme comprend sur quel genre de page elle est tombée.

« Pourquoi je me balade avec une bd bourrée de gros boobs à chaque pages... ? maugrée-t-il. Je suis désolé, je...

- Non, il ne faut pas... Je suppose que c'est normal quand on est célibataire à ton âge ».

C'est au tour d'Al d'être gêné. Il prévoit juste d'écrire une critique prochainement sur ce livre, mais tenter de se justifier ne ferait qu'amplifier le malaise du moment.

Alors il n'en dit pas plus. Elle signe la couverture du manga. Al la remercie, puis se dirige vers la chambre de celui qu'il est venu voir.

« Jonathan ! prévient Mary à la porte de la pièce. Un ami est venu te voir !

- Qu'il entre », autorise ce dernier.

Al pénètre donc, puis referme l'entrée avant de faire face à son ancien informateur. Il remarque que celui-ci est alité, et porte des bandages autour de l'abdomen, le torse, le bras gauche, ainsi que le front.

La chambre n'a rien de spécial, mais une photo, accrochée sur le mur, au-dessus du lit, attire son attention. L'on peut remarquer J. beaucoup plus jeune, en compagnie d'une fille aux longs cheveux blonds. Il se prive de poser des questions trop personnelles et entame la conversation.

« Je lui avais pourtant dit que j'étais une connaissance. Pourquoi tu ne m'as jamais dit que ta tante était mon auteure préférée ? ironise Al.

- Tu ne m'as jamais demandé, rétorque J.

- Ça devait être une pointure, le gars qui t'a mis dans cet état.

- Sans doute. Avant que tu ne me donnes la raison pour laquelle tu es venu me voir, laisse-moi t'avouer quelque chose. Tous les nigh que tu as livrés à la brigade sont morts. Ils ont tous été brûlés vif dans la cellule interdite au public, déclare-t-il sans détour.

ET C'EST MAINTENANT QUE TU ME LE DIS ?! s'emporte brusquement Al, hurlant sur son interlocuteur. Vous vous êtes bien moqués de moi... Pendant que je me cassais le cul à les ramener en vie, vous ne vous gêniez pas pour tous les crever dès que j'avais le dos tourné, pas vrai ? Tant qu'on y est, je suis sûr que vous me surnommiez ''l'abruti de service'' à chaque fois que j'étais pas là !!

- Tout ce que tu dis est juste, mis à part le surnom que tu viens de t'inventer, valide avec calme J. Depuis qu'on se connaît, je n'ai cessé de te mentir.

- C'est donc pour ça que tu ne me regardais jamais dans les yeux, qu'on ne se serrait jamais les mains... ?!

- Parfaitement ».

Al fixe J. avec fureur. Il n'en n'avait pas autant voulu à quelqu'un depuis longtemps.

Une ombre commence à se dessiner dans le dos du jeune homme. Elle dépose ses mains noirâtres sur l'épaule d'Al, et s'enroule autour de son corps tel un boa. Puis commence à lui souffler des paroles pour cracher son venin.

« Il est seul. Sans défense. Tu n'aurais aucun mal à te débarrasser de lui. Fais-lui payer de t'avoir... !

- Ferme-là on ne t'a rien demandé », rétorque Al qui fait aussitôt disparaître la créature fictive.

Il avale sa salive, prend une longue inspiration, puis s'adresse à J. d'un ton plus calme.

« Pourquoi m'avoir menti ?

- Pour satisfaire mon ambition personnelle, explique-t-il avec placidité. Tu m'étais d'une aide précieuse pour accomplir mon objectif. Te dire la vérité m'aurait fait perdre un atout de taille.

- Alors pourquoi tu m'avoues tout ça, tout à coup ?

- Je n'en sais rien, affirme-t-il, les yeux dans le vide. J'avais juste... Envie de le faire. Je ne pense pas avoir besoin d'une raison ».

Al remarque que le bras gauche de J., enroulée de bandages, a été arraché. Il ne reste de son membre, que quelques centimètres rattachés à l'épaule.

« Ton bras, c'est aussi ton adversaire qui...

- C'est moi qui l'ai sectionné.

- Pourquoi ? questionne Al, légèrement surpris. T'es au courant que ça ne va pas repousser ?

- Je le sais mieux que quiconque. Je voulais juste goûter... À ce qu'elle endure tous les jours... », dit-il, pensif.

Al lui lance un regard interrogateur. Il réfléchit une dizaine de secondes, avant de comprendre.

« Ah... C'est donc Cammy qui t'a tabassé à ce point.

- Vous vous connaissez ? questionne à son tour J., non sans surprise.

- Mouais, n'ajoute-t-il pas plus de détails, avant de se diriger vers la porte.

- Attends. Quelle était la raison de ta visite ?

- Tu as déjà répondu aux questions que je voulais te poser.

- Tu étais donc déjà au courant... Que comptes-tu faire maintenant ? De quel côté es-tu ?

- Ce que je compte faire... ? Disons que ce n'est pas mon intention de créer une armée révolutionnaire dans le but de détruire la brigade, dit-il avec sarcasme. Je ne me mêlerai simplement plus de vos affaires. Je ne veux plus rien avoir à faire avec votre organisation, c'est tout. ''De quel côté je suis ?''. C'est le genre de question que je déteste. Je n'ai pas à choisir entre les humains et les nigh. Cependant... Tes confessions m'ont prouvé une chose ».

Al conclut ses propos en sortant le stylo qui était dans sa poche, et le lance en direction de J. Celui-ci le réceptionne, et fixe l'objet sans concevoir où il veut en venir.

« Ne cherche pas à comprendre », termine le jeune homme avant de quitter la pièce.

Par la suite, il termine de rédiger sa critique, puis envoie son document à Daisy qui corrige quelques fautes avant qu'il ne fasse sa publication. Son travail terminé, il peut enfin profiter d'un week-end bien mérité.

***

Dans un endroit et à une heure inconnue, un homme se tient face à une pile de cadavres. Il s'apprête à tourner les talons, quand une personne qu'il croyait morte comme les autres, lui saisit la jambe.

« Comment peux-tu, sale traître... jure l'homme meurtri, rassemblant ses derniers souffles. Nous sommes... Du même côté...

- Épargne-moi ces inepties, réplique l'assassin. Parce que nous sommes tous des nigh, nous sommes censés être du même côté... ? Ridicule...

- Pourquoi fais-tu... Tout ça... ? ».

Le meurtrier fixe sa victime d'un air glaçant. Il ne prend même pas la peine de répondre à sa dernière question, et ôte définitivement sa vie sans scrupule, avant de se diriger vers la sortie.

« On dirait bien que je vais pouvoir rentrer chez moi. J'espère que tu as profité de tes jours de repos, Agiel... », pense-t-il, sourire aux lèvres.

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