Chapitre 2 : L'inconnue (part. 2).

Le combat s'engage. Al esquive une droite en s'accroupissant, puis pare un coup de pied rapidement enchaîné en croisant ses deux mains. Il glisse sur le sol, rasant les herbes sur son passage. Son gobelet lui échappe et tout son contenu se renverse.

« Mon café ! Ça, tu vas me le payer. »

Il prend un air grave. Cammy tente avec redoutable un coup de coude, cependant, Al la stoppe immédiatement. Il saisit fermement le bras de la jeune femme et riposte avec un furieux coup de genou dans son abdomen. Elle se plie de douleur, avant de se faire propulser une dizaine de mètres dans les airs. Puis, elle s'écrase lourdement sur le sol.

« Désolé, mais c'est plus trop mon genre de me laisser agresser sans broncher, tu vois ? grommèle Al. T'es une humaine ou pas ? »

Cammy se relève. Elle comprend que se battre avec la rage n'est pas la clé de la victoire. Elle ferme ses yeux et se tapote les joues, puis se calme.

« Elle est très drôle, ta question. Mais ne crois pas que je vais à nouveau me laisser submerger. Ça ne se reproduira plus jamais.

— ... Attends une seconde, s'étonne Al. Ne me dis pas que tu... !

—Silence ! »

Fortement déterminée, Cammy passe à l'offensive. Al esquive une rafale de coups aussi puissants que précis, mais ne contre-attaque pas.

« Attends, tu te trom... »

Il se fait soudain interrompre. Il encaisse de plein fouet un terrible coup de poing au ventre, qu'il pensait avoir évité.

« Je ne veux plus rien entendre venant de toi, pigé ?! », s'écrie l'assaillante.

Elle enchaîne très rapidement avec un violent coup de poing dans la mâchoire. Al est brutalement propulsé. Il roule sur le sol, déterrant de nombreux arbustes et s'affale. Grimaçant de douleur, la joue enflée, il crache du sang. Il se relève néanmoins, essuie le liquide rouge et tente le dialogue, le plus paisiblement possible :

« Je te dis que je suis pas celui que tu cr...

— Non, j'ai pas besoin de tes salades. Je peux pas croire que tu sois devenu gentil. Peu importe ce que t'as en tête, je sais que tu prépares rien de bon. »

Al pousse un long soupir de lassitude et fait finalement signe à Cammy de l'attaquer. Les ténèbres dévorantes de ses pupilles affichent un air déterminé à en découdre avec elle.

Cette dernière ne se fait pas prier et se jette sur lui de toutes ses forces.

C'est un combat à sens unique. Al se fait marteler par une série de coups implacables. Acharnée, elle le mitraille inlassablement et il encaisse tout, le visage tordu de douleur. Ce n'est pas une question de vitesse. Il n'arrive pas à se mouvoir tel qu'il le souhaite pour esquiver

Elle lui assène une droite dans le torse. Mais alors qu'il se fait projeter, son corps revient subitement dans la direction de Cammy. Elle l'intercepte avec un coup de pied ascendant le propulsant en l'air. Elle saute, effectue une rotation éclair et enchaîne avec un coup de talon monstrueux dans le ventre. Il se fait catapulter hors du jardin. Il traverse un bâtiment entier, avant d'entrer en collision avec un vieil immeuble dont le mur se craquelle.

Vomissant du sang, Al souffre beaucoup.

« Elle est forte... se dit-il. Mais... attends une seconde, ce mouvement... »

Il se relève très lentement. Bien motivé à mettre un terme à cet affrontement, il retourne faire face à son adversaire.

Dès qu'il l'aperçoit, il court dans la direction de Cammy, qui l'attend de pied ferme. À quelques mètres d'elle, il tend son bras et libère sur elle une immense vague d'énergie noire qui rase les hautes herbes. Cependant, il est surpris de voir que la technique change de direction. Au lieu de cibler la jeune femme, ça se retourne vers lui. Il annule alors l'attaque, disparaissant aussitôt.

« Je vois... »

Dès qu'il termine sa phrase, la même aura ténébreuse jaillit du sol, juste en-dessous de Cammy et dévore ses jambes. Ses membres sont réduits à néant jusqu'aux genoux. Une hémorragie intense se produit, son sang éclabousse la verdure. Elle perd l'équilibre et crie en se tordant de douleur.

« Je voulais pas en arriver là, mais... »

Totalement impassible face à sa douleur, Al libère une autre vague d'énergie pour la détruire simplement et purement. L'aura se rapproche dangereusement d'elle. La jeune femme se fait toucher, néanmoins, elle reste intacte.

Un étrange phénomène se produit. Les jambes de Cammy se régénèrent. Toutefois, Al semblait s'y attendre.

« Merci pour le coup de pouce », se moque-t-elle.

Elle se relève d'un bond et se jette sur Al, redoublant d'agressivité. Cependant, elle n'a pas le temps de porter son attaque, qu'elle encaisse un coup de genou véloce dans l'abdomen. Médusée d'avoir été atteinte, elle ne réagit pas à temps. D'un coup de pied acrobatique dans le menton, le jeune homme la propulse en hauteur. Une fois dans les airs, il place son épaule sur le torse de Cammy pour prendre appui sur elle. Ils s'écrasent tous les deux et fendent le sol. Ils s'enfoncent dans un creux, faisant voler de nombreux débris et d'immenses blocs de terres.

La jeune femme a pris tous les dommages et Al se relève dans un massif nuage de poussière.

Épuisé, il pose son regard sur elle et constate qu'elle est sonnée. Du sang coule de son front et ses lèvres. C'est l'occasion parfaite.

Il reprend son souffle et s'adresse à elle d'un ton qui se veut autoritaire :

« Ça suffit, maintenant. Tu vas écouter ce que j'ai à te dire.

— ... Comment tu as fait pour m'atteindre... ?!

— C'est simple. Ton style de combat ressemble énormément à celui du perso principal d'un roman amateur que j'ai lu sur le net.

— Tu... !

— Oui, je l'ai lu... J'ai déduit que c'est toi qui l'as écrit, vu que tu utilises ton vrai prénom comme nom d'auteure... Ton perso et toi avez exactement les mêmes mouvements, et bien-sûr, le même pouvoir. À l'avenir, évite de raconter ta vie dans tes histoires. »

Les pouvoirs des individus sont définis selon un concept. Le concept de Cammy est celui de l'opposé. Al était dans l'impossibilité d'esquiver, car elle lui faisait réaliser des mouvements contraires à ceux qu'il voulait effectuer.

Le concept d'Al étant celui de la consumation, tout ce qui est atteint par sa technique est réduit à néant. Cammy a réalisé l'opposé de cette attaque, la création, pour régénérer ses membres à son contact.

Afin de la toucher, Al l'a simplement prise à contre-pied en changeant au dernier moment la trajectoire de son coup. En lui faisant prendre la direction opposée, Cammy lui a permis de réaliser le mouvement qu'il souhaitait.

Exténué, Al s'installe près d'elle sur le sol ravagé.

« Tu es capable de réaliser le contraire de tout ce que tu veux. Tu peux faire tellement de choses avec une telle capacité, mais tu te contentes de faire des tours minables. Tu es trop limitée, nargue-t-il.

— Pff... Tu dis ça, alors que tu utilises tout le temps la même technique. D'ailleurs, comment tu as eu ce nouveau pouvoir ?! C'est normalement impossible !

— C'est pas un nouveau pouvoir. Et c'est pas de moi qu'on est censé parler, là. J'aurais quelques questions à te poser. T'es une humaine ou pas ?

— Encore avec cette question débile ?! T'es devenu amnésique, ou quoi ?! Je suis une nigh et tu le sais très bien, Floyd ! », hurle Cammy dont la colère refait surface.

À l'entente de ce nom, Al arbore une mine sombre. Une fusion de sentiments des plus désagréables le submerge. Il se lève promptement et saisit le col de la jeune femme.

« C'est bien ce que je pensais. Qu'est-ce que tu sais de lui ?!

— Tu... Quoi ? T'es pas Floyd ? s'étonne Cammy.

—NON. Je suis son frère et il est né quelques minutes avant moi. Je sais, ça ressemble à cette BD avec le gentil et son jumeau maléfique.

— ... Ah... »

Cammy papillonne des yeux plusieurs fois, fortement troublée.

Comprenant son énorme bourde, son courroux se volatilise pour laisser place à un air très embarrassé.

« Je... dé-désolée... je me suis trompée, vous vous ressemblez tellement... bafouille-t-elle en faisant un rire nerveux, se grattant le crâne.

— Franchement, est-ce que j'ai l'air aveugle, moi ?! Tu crois que je vais te pardonner aussi facilement ?!

— Mais je savais pas, il m'a jamais parlé de toi ! »

Al soupire, exaspéré. Face à son air innocent, il la libère et poursuit :

« Passons. Maintenant, dis-moi tout. Quelle était ta relation avec lui ?

— ... Tu veux savoir... ma relation avec lui... ? »

L'ambiance devient immédiatement plus lourde. Cammy prend un air terriblement chagriné. Au fur et à mesure qu'elle se confie, sa voix devient plus larmoyante. L'expression d'Al se décompose progressivement d'affliction. Compatissant, il écoute tout sans l'interrompre.

Horrifié à la fin du récit, il reste bouche bée quelques minutes.

« ... Désolé... »

Il ne trouve rien d'autre à dire. Cammy refuse de s'apitoyer plus longtemps et essuie ses larmes.

« T'inquiète, tu n'y es pour rien. Donc, tu ne vas pas me livrer à la brigade ? fait-elle remarquer.

— Je passe l'éponge, pour cette fois. Je comprends un peu pourquoi tu m'as attaqué. Mais sérieusement, à l'avenir, réfléchis plus sérieusement avant d'agresser les gens... »

Prenant exemple sur elle, Al chasse les pensées obscures de son esprit. Il s'étale mollement sur la terre et fixe le ciel orangé. Il prend un air très sérieux et affirme avec conviction :

« Alors, comme ça... on a exactement le même objectif.

— Quoi ? Tu penses réellement pouvoir le battre ? Pff... t'es faible, peste-t-elle avec désinvolture. Quand je t'ai défié en pensant que t'étais Floyd, je savais que c'était perdu d'avance. Mais en t'affrontant, j'ai eu l'impression qu'il avait régressé. Il est à des années-lumière de toi. Tu comptes quand-même pas le ramener sur le droit chemin avec du blabla ? »

À chaque phrase, Al fronce encore plus ses sourcils. Il rouspète :

« Si pour toi, c'est perdu d'avance, t'as qu'à abandonner et puis c'est tout ! Tu as parfaitement le droit de lâcher l'affaire ! »

Il affiche ensuite un air grandement déterminé et continue :

« En revanche, si, au fond de toi, tu désires réellement l'arrêter... alors suis-moi. »

Al se relève ensuite et s'éloigne d'elle.

Cammy le regarde partir, hésitante, partagée. Elle ne peut rester les bras croisés, ça irait contre ses principes.

Abandonner est facile, mais peut-elle continuer à vivre ainsi ? Jusque-là, elle n'a essuyé que des échecs. Décidant de ne plus vivre avec des regrets, elle se redresse avec une forte volonté et le rattrape.

« Pourquoi tu veux barrer la route à Floyd ? interroge-t-elle, curieuse.

— Parce que tout ça, c'est un peu de ma faute, explique-t-il amèrement.

— En quoi ? »

C'est ainsi que s'engage une longue conversation.

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