Chapitre 122 : Les poupées

Malgré les cases piégées, Yun parvint à mettre la pression à Sheldon et à pénétrer dans sa zone de sécurité. Après un combat acharné, le maître des jeux sortit vainqueur.
De son côté, James, le misogyne, était maltraité par sa mère durant son enfance. Il possédait apparemment le pouvoir de renvoyer les dégâts sur son adversaire si celui-ci osait l'attaquer. Il décida de s'en prendre à Juliette. Cette dernière avait tenté de sympathiser plus tôt avec Oggy mais se fit rembarrer.
Pendant ce temps, le ventru élimina un nouvel ennemi grâce à son concept du lit.
Score : 4 points pour Sheldon, 4 pour Yun, 2 pour Oggy, 1 pour James.

***


Quelques minutes avant le trépas de Yun...

Après avoir éliminé l'utilisateur de marteau, Oggy regarde attentivement autour de lui afin de choisir la cible idéale.

De son côté, Juliette est devenue le jouet de James. Ce dernier prend plaisir à la mutiler encore et encore avec ses dagues. Le visage tordu par une douleur atroce, la jeune femme ne fait qu'encaisser en espérant que son adversaire l'achèvera bientôt.

Néanmoins, ses cris ne font qu'alimenter le sadisme du misogyne. Après avoir brisé les os du bras de Juliette et réduit en charpie ses muscles, James s'attaque à ses jambes. La jeune femme ferme ses yeux, résignée.

Soudain, une énorme masse fait irruption dans la zone de sécurité des deux combattants. Toute cette cruauté gratuite... Oggy, dans le dos de James, voit rouge.

Le bourreau, bien que surpris, ne bouge pas d'un pouce.

« Pourquoi tu ne te défends pas ?! » rugit le ventru, s'adressant à la victime.

La jeune femme, d'un air défaitiste et penaud, baisse la tête et ne répond pas. James se retourne, montrant un sourire carnassier, avant de répondre à sa place :

« Alors, monsieur veut jouer au héros ? Tu ne ferais pas mieux de t'occuper de ton cul ?

- Ne te méprends pas ! rage Oggy. Est-ce que j'ai l'air stupide au point de vouloir aider quelqu'un dans un endroit pareil ?! Ce n'est pas pour sauver qui que ce soit. Tu es un adversaire problématique, et tôt ou tard, je vais devoir te régler ton compte, si je veux survivre. Alors, c'est mieux de m'occuper de toi tant que j'ai suffisamment d'énergie !

- Ouais, ouais, c'est ça, invente-toi des excuses. Tu ne m'intéresses pas. Alors, rassure-toi. Tu seras mort avant même de réaliser que tu as choisi le mauvais adversaire. »

Juliette, tiraillée entre douleur physique et profonde inquiétude, fixe Oggy, désarçonnée. Une question se répète en boucle dans son esprit :

« Après notre discussion, la dernière fois... pourquoi vient-il à mon secours ? »

Un rictus suffisant sur le visage, James croise ses bras, invitant son nouvel adversaire à attaquer.

Le ventru reste prudent et immobile, bien que son visage déformé par la fureur témoigne de son envie d'en découdre. Les minutes s'écoulent sans que rien ne se passe, si bien que ce duel se déroule en second plan.

La confrontation entre Sheldon et Yun attire l'attention de tous.

L'assurance dont fait preuve James oppresse Oggy. De grosses gouttes de sueur perlent du front de ce dernier, ne sachant comment faire des dégâts à son ennemi. Juliette reste simple spectatrice, tracassée par le sort de son sauveur.

Soudain, un ricanement mauvais retentit.

« Si tu ne m'attaques pas... c'est moi qui vais venir à toi !! » annonce James, avant de foncer sur le joufflu.

Vitesse, puissance et précision. Les coups de dague du tortionnaire frôlent à plusieurs reprises le cou d'Oggy. La peau de celui-ci est tellement lacérée que très vite, sa gorge se transforme en une cascade de liquide écarlate. Le ventru ne tiendra pas longtemps avant de se faire décapiter.

Subitement, la lame de James s'enfonce dans l'abdomen du joufflu. Il se plie en deux et crache du sang.

« Désolé, mon pote. Je n'ai pas pu résister à la tentation de la planter dans ton gros ventre », se moque James.

Le blessé ne répond pas. La douleur dévorant son estomac occupe déjà tout son esprit.

Le sadique brandit sa dague afin de porter le coup de grâce. Tout à coup, Oggy se relève très vite et plonge sur lui. James, se laissant faire, encaisse un redoutable coup d'épaule dans le ventre.

Les deux adversaires s'écrasent par terre. Tandis que le tortionnaire a le sourire jusqu'aux oreilles, Oggy souffre le martyre.

« Il est complètement inconscient ?! s'étonne Juliette. Pourquoi il attaque James tout en sachant que tous les dégâts se retourneront contre lui ?! »

L'homme intouchable se relève sans problème. Il écarte ses bras tout en affichant son habituel rictus condescendant.

« Je ne savais pas que tu étais masochiste. Si tu aimes te faire mal, je suis à ton service ! »

Oggy fonce sur son adversaire, tel un animal sauvage dénué de raison. Il lui assène un coup d'une puissance dantesque.

« Mais il est fou ?! s'alarme Juliette. Qu'est-ce qu'il cherche à faire ?! »

Lorsque le poing du ventru est à quelques centimètres de l'abdomen de James, Oggy ouvre subitement sa paume. Il déchire la chemise du tortionnaire tout en récupérant un objet qui était dissimulé sous son habit.

Le joufflu tient une minuscule poupée à son effigie.

Le sadique et Juliette sont abasourdis.

« J'avais donc vu juste... constate Oggy, soulagé. Aucun pouvoir n'est parfait. Mais pour trouver une faille, j'étais obligé d'attaquer au moins une fois. Grâce à mon premier coup, j'ai pu sentir que quelque chose était caché sous sa chemise. Et sans surprise, c'est... »

Le ventru montre la peluche comme si c'était un trophée. C'est à son tour de se montrer fier :

« Ton concept est celui des poupées vaudou. Tu en crées une exactement à l'endroit où on te frappe. Non seulement ces peluches te servent de bouclier, mais en plus, elles te permettent de retourner les dégâts contre tous ceux qui osent s'en prendre à toi. Maintenant que j'ai percé à jour ton secret, c'est fini pour toi. »

Alors que Juliette est impressionnée, James éclate de rire. Il se débarrasse du reste de sa chemise, dévoilant un torse et un abdomen entièrement couverts d'horribles cicatrices.

« Bravo, champion. Tu as tout compris, et alors ? Tu pensais pouvoir me déstabiliser ? J'avoue que je préférais cacher l'existence de ces joujoux pour avoir un avantage psychologique et donner l'impression que j'étais intouchable. Mais ta découverte ne change absolument rien ! »

Le tortionnaire fait apparaître une nouvelle poupée vaudou représentant Oggy. Sans plus attendre, il frappe dans la peluche. Le joufflu se tord de douleur. Plusieurs de ses côtes sont brisées.

Oggy halète. Même respirer devient une torture. James ricane bruyamment :

« Tu comprends, maintenant ? Je peux créer autant de poupées que je veux ! M'en piquer une ou deux est inutile. En découvrant mon pouvoir, tu n'as fait que précipiter ta chute dans la tombe ! Si tu bouges d'un seul centimètre, j'arrache la tête de la peluche ! Je voulais t'offrir une mort rapide, mais tu m'as saoulé ! Savoure bien tes derniers instants dans la douleur ! »

Le sadique plie très lentement la gorge de la poupée. Oggy sent ses propres os se tordre. Chaque seconde est un supplice. Sa tête s'incline de plus en plus, sa nuque est à un cheveu de se briser.

Sa vie est littéralement entre les mains de James.

Alors qu'Oggy succombe petit à petit, il a une dernière pensée pour sa fille :

« Être tué par une poupée... c'est le comble... Dire que Chelsea adore tellement ces jouets... Elle et la peluche que je lui ai offerte sont inséparables. Impossible pour elle de se coucher sans. Je me demande ce qu'elle fait en ce moment... Est-elle en train de dormir ? Ou est-ce qu'elle est toujours éveillée, attendant désespérément mon retour... ? Si seulement je pouvais les revoir au moins une dernière fois, elle et ma femme... »

Soudain, les yeux abattus du joufflu s'écarquillent.

« Une seconde... peluche... dormir... lit... »

Pris d'un éclair de lucidité, Oggy a un second souffle. Il se jette sur James, tel un taureau fou. Le bourreau met sa menace à exécution et arrache la tête de la poupée.

Cependant, il ne se passe rien.

James, éberlué, n'a pas le temps de réagir et encaisse un redoutable lariat de plein fouet. Les biceps saillants d'Oggy s'écrasent brutalement contre la poitrine du tortionnaire qui hurle de douleur avant de se faire éjecter hors de la zone de sécurité.

Néanmoins, avant qu'il ne sorte du périmètre, le ventru le saisit par le bras afin de le forcer à revenir vers lui. Si James se fait tuer par une case piégée, le point reviendra à Sheldon.

Le tortionnaire est ainsi réceptionné par un gigantesque coup de pied en pleine face. Avec le nez brisé et plusieurs dents arrachées, il s'écroule de tout son long.

« Je viens de comprendre, s'étonne Juliette. Oggy peut manipuler tout ce qui est en rapport avec les lits. Et comme les enfants dorment souvent avec des peluches, ça fait partie des choses sur lesquelles il peut agir. Il a donc pris le contrôle de la poupée de James pour annuler son sort et en faire un jouet complètement normal ! »

Lorsque deux pouvoirs similaires se rencontrent, celui dont l'utilisateur a le Drive le plus puissant - Oggy- l'emporte.

James se relève lentement, à son tour soumis à une douleur aiguë. Il tient son nez et crache du sang, ainsi que ses dents tombées. Néanmoins, son sourire arrogant ne s'efface pas.

« Bien joué ! Mais ta méthode a des limites ! Tu vas faire quoi face à ça ?! »

Une pluie de poupées vaudou inonde l'arène. Toutes tombent sur les cases piégées. James fonce sur Oggy.

Ce dernier se fait déchiqueter l'épiderme. Les coups s'enchainent, de plus en plus précis. Les lames s'enfoncent dans la chair du ventru. Ses membres et son flanc sont perforés de toutes parts.

« En faisant apparaître ces peluches partout, James force Oggy à se concentrer sur elles pour annuler leurs sorts, réfléchit Juliette. Après tout, si une poupée vaudou tombe sur une case piégée, on ne sait pas si le gage sera répercuté sur lui, le risque est trop grand ! Ça fait qu'il est distrait et n'arrive pas à se défendre correctement au corps à corps ! »

James ricane en agressant sans relâche son ennemi. Une dague pénètre profondément dans le bras d'Oggy et brise son os. Le ventru, rongé par la douleur, se met à genoux en émettant des gémissements pathétiques.

Le tortionnaire, fier que sa tactique ait marché, s'apprête à planter sa lame dans le crâne de son adversaire.

« J'ai gagné !!!!! » pense-t-il.

Brusquement, une légion de piques envahit la zone de sécurité. James est totalement encerclé, comme enfermé dans une boîte contenant des billions de lames. Qu'il saute, se baisse ou se décale, il n'a aucune échappatoire.

Le piège se referme sur le tortionnaire abasourdi se faisant transpercer de la tête au cou. Transformé en passoire par ses propres créations, il s'écroule tandis qu'une explosion d'hémoglobine gicle sur le terrain.

« As-tu oublié que je peux contrôler tes peluches ? rappelle Oggy en gémissant. Merci, tu as fait exactement ce que je voulais. »

Juliette, estomaquée, réalise ce qui s'est passé :

« Ces piques ne sortent pas de nulle part ! En réalité, ce sont les peluches de James que Oggy a transformées en aiguilles ! Plus il y avait de poupées, plus il pouvait créer de lames ! Il a donc attendu qu'elles soient suffisamment nombreuses afin de produire un piège que James n'aurait aucune chance d'esquiver ! »

Le regard vide, James sent son âme quitter petit à petit son corps.

« Maman, j'ai faim... si faim... »

Frappé, malnutri, couvert de cicatrices, de bleus et la peau sur les os. Sans qu'il ne sache pourquoi, le tortionnaire se remémore ces moments de son enfance qu'il aurait souhaité oublier. Ces moments où il subissait le courroux d'une mère qui n'avait jamais voulu lui donner naissance. Ces moments où elle le rappelait qu'il était un accident. Ces moments où il ne pouvait s'empêcher de maudire toutes les femmes de la terre.

James rend son dernier souffle. La montagne de poupées disparaît. Steve note que le ventru a gagné un troisième point.

Oggy, soulagé d'en avoir fini avec lui, s'apprête à sauter hors de la zone de sécurité. Il est interpellé par Juliette, confuse.

« Pourquoi tu ne m'achèves pas ? Je suis une cible facile, pourtant.

- Ne te fais pas de fausses idées, prétend le ventru. Je ressemble vraiment à quelqu'un qui a de la compassion ? Je ne veux pas gaspiller mon énergie pour une faible comme toi. Je vais d'abord me débarrasser des pointures. Ensuite, je viendrai m'occuper de toi !!! »

Oggy lui tourne le dos afin de cacher l'immense tristesse meurtrissant son regard. Il n'attend pas la réaction de Juliette et fonce dans la zone de sécurité d'un concurrent qu'il élimine rapidement. Quatre points.

Non, il ne doit pas pleurer, mais tuer.

Alors qu'il a de plus en plus de mal à retenir ses larmes, un autre combat retient son attention. Sheldon contre Yun.

Oggy se contente d'observer, de peur d'être emporté par l'ouragan phénoménal qu'est ce duel. Le maitre des jeux gagne, ébahissant tout le monde.

Le ventru regarde avec appréhension l'immense obstacle qui se dresse devant lui.

« Il ne reste plus que trois combattants dans l'arène !!! s'exclame Steve, dont la passion est à son comble. Sheldon et Oggy, tous les deux avec quatre points, et Juliette, que seule une magnifique mort attend ! Alors, lequel survivra ?! »

La foule est en délire.

Oggy et Sheldon, chacun au bord de l'épuisement, se fixent de loin. Leur regard est partagé entre la soif de victoire et la mélancolie. Leurs épaules portent le lourd poids d'une pile de cadavres. Toutefois, il n'y a plus de retour en arrière possible. Les deux combattants sont pour l'un comme l'autre le dernier rempart pour survivre à cette soirée cauchemardesque.

Le duel final commence.

***

Hello j'espère que vous allez bien ! Juste pour vous informer que désormais, je publierai un chapitre par semaine (tous les dimanches). Bonne journée !

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