Chapitre 117 : Satisfaction

Agiel fit la proposition à Cammy de travailler en tant que nourrice et femme de ménage pour son amie, Rose. Cammy réussit à se faire engager. Néanmoins, Tom, le bébé, semblait hostile avec les étrangers et pleura dès que sa mère s'en alla.

***


Cammy ne panique pas, puisqu'elle avait anticipé cette situation. Plusieurs idées lui viennent en tête afin de calmer le bébé en quête de tendresse maternelle.

La nourrice le jette dans les airs et le rattrape à plusieurs reprises, sans succès. Elle l'emmène dans sa chambre, le dépose sur le sol et lui montre ses jouets. Elle en agite un qui fait un bruit amusant lorsqu'on le secoue. Tom n'y prête aucune attention et étouffe le son de l'objet avec ses cris.

Cammy le prend alors dans ses bras et le berce, tout en marchant et en répétant doucement « La, la, la, la... »

Au bout de longues minutes, le nourrisson se calme enfin. Comme si les mains de Cammy étaient un berceau magique, Tom rejoint peu à peu le monde féérique des rêves.

Après s'être assurée qu'il dort à poings fermés, la jeune femme l'installe dans son berceau et attaque son deuxième travail. Elle débarrasse la table, fait la vaisselle et époussette chaque objet. Il y a tellement de poussière qu'elle a suffisamment éternué pour créer un cyclone. Un rapide tour avec l'aspirateur et un coup de serpillère plus tard, tous les recoins de la maison brillent en un temps record. Elle a même ramassé les feuilles mortes du pommier dans le jardin, sorti les poubelles et fait la lessive.

Le soleil ne s'est pas encore levé. L'ennui est désormais le seul compagnon de la jeune femme. Elle envoie un message à Al :

« Hello, comment ça va ? J'ai une nouvelle génialement excellente. J'ai trouvé un nouveau job ! Je suis nounou et femme de ménage. La patronne est très gentille et son boutchou est vraiment à croquer ! Je suis trop contente !! Désormais, appelle-moi Super Tata Cammy. »

Le message n'est pas distribué. Son destinataire est sans doute encore en train de dormir.

Lorsque les premiers rayons solaires illuminent la ville, deux minuscules paupières s'ouvrent. Cammy, désœuvrée, qui n'attendait que ça, affiche un grand sourire. Néanmoins, Tom commence la journée en pleurs.

Après avoir changé sa couche, la jeune femme lui donne son biberon et s'installe avec lui à table. Le repas est un moment privilégié pour créer un lien avec un nourrisson, et Cammy compte bien en profiter.

Elle sort quelques morceaux de viande crue du réfrigérateur et les écrase avec ses doigts afin d'en faire de petites boules, tels des petits pois.

Bien qu'à cet âge, les bébés humains ne doivent pas manger de chair animale, les nigh peuvent déjà s'en nourrir sans danger.

Cammy tend la cuillère vers la bouche du bébé. Sur les cuisses de la jeune femme, Tom écarte ses lèvres et mange docilement.

Lorsque le gourmand termine son petit déjeuner, sa nourrice essaie de jouer avec lui. Mais Tom ne sourit pas. Les seules choses qui l'intéressent sont ses jouets, dont il se lasse vite. À quatre pattes, il se balade dans la maison et tente de mettre tout ce qu'il trouve dans sa bouche.

Dépitée d'être rejetée comme un légume dans le plat d'un enfant capricieux, Cammy se contente de le surveiller pour éviter qu'il touche des objets dangereux et l'empêcher d'avaler n'importe quoi.

Le bébé finit par s'endormir.

Elle qui adore les nourrissons, Cammy n'aurait jamais cru que sa journée serait aussi ennuyeuse. Elle vérifie ses messages et voit la réponse d'Al :

« Ok cool. »

Elle soupire longuement.

L'heure du déjeuner arrive. La jeune femme installe Tom face à elle à table. Cette fois, l'assiette du bébé est composée de viande écrasée comme de la pâte. Encore une fois, le petit être engloutit chaque cuillerée. Lorsqu'il est bien repu et gonflé comme un ballon, il ignore Cammy.

La jeune femme, désespérée, comprend enfin : la maison est le restaurant privé du bambin, et elle n'est rien d'autre pour lui que sa serveuse.

Néanmoins, un miracle finit par se produire.

Le soir, durant le bain, Tom rigole en agitant ses petits membres dans l'eau. Il est tellement mignon que Cammy en oublie sa tâche et l'admire, sur le point de fondre. Son rire est un bonheur pour les oreilles de la jeune femme. Bien qu'elle n'en soit pas la cause, elle savoure cette victoire.

La nuit tombée, Cammy a inventé un petit jeu. Elle pousse un jouet ressemblant à une balle à l'autre bout du salon et Tom marche à quatre pattes pour le récupérer. Lorsqu'il atteint la destination, elle le prend dans ses bras et le gratifie d'un bisou sur ses joues rondes. Tom rit enfin.

Elle a trouvé la formule magique.

Euphorique, Cammy sautille et l'embrasse à nouveau. Le bébé rigole encore.

Des baisers et des rires à foison durant plusieurs secondes de béatitude.

Soudain, la jeune femme entend la porte s'ouvrir et des bruits de pas dans le couloir. Elle s'empresse de vérifier de qui il s'agit.

Rose est de retour, l'air fatigué. Toutefois, cette dernière affiche une excellente humeur. Tom tend ses bras vers elle, surexcité.

« Bonsoir, madame ! l'accueille jovialement la nourrice.

— Tu peux m'appeler Rose ! Et ne me vouvoie plus, on a pratiquement le même âge », la corrige gentiment la patronne.

Rose porte son fils et l'embrasse tendrement pendant qu'ils marchent dans le couloir. La joie du bébé est à son comble.

« Il n'a pas été trop difficile, j'espère ?

— Oh non, c'est un amour ! Il était sage comme un doudou ! répond Cammy, contente de cette journée.

— Sage comme un doudou ? Étrange, cette expression ! En tout cas, je suis rassurée de savoir que vous vous entendez bien. »

La mère apporte le contrat de travail qu'elle et son employée signent au salon. Cammy la salue et s'apprête à rentrer chez elle.

« Une seconde, s'il te plaît. Et si tu restais dîner ? » propose convivialement la patronne.

La panique gagne son interlocutrice. Floyd a rendu Cammy cannibale, et elle ne peut se nourrir que de la chair de ses semblables. Cependant, elle se mange elle-même pour ne pas faire de mal aux autres.

« Agiel m'a dit beaucoup de bien de toi. J'ai envie de mieux te connaître », poursuit Rose.

— Euh, merci, c'est vraiment très sympa, mais je dois vraiment y aller, une urgence ! On fera ça une prochaine fois ! » ment Cammy, blême.

— Oh dommage, à demain, alors. »

Cammy acquiesce, avant de quitter la maison à toute vitesse.

***


Le lendemain, la journée de Cammy est similaire. Mais Tom est moins distant et rit parfois quand elle s'amuse avec lui. Le soir, après de chaleureuses salutations, Rose propose une nouvelle fois à la nourrice de rester pour le dîner. L'invitation est poliment déclinée.

Cammy marche dans les rues sombres de Flower. Un individu apparait soudain face à elle. Elle le reconnaît immédiatement et s'arrête, surprise.

« Al ? Tu fais quoi ici à cette heure ?

— Je faisais mes courses, dit-il simplement en lui montrant son sac rempli de provisions.

— Ah ouais ? Genre, il n'y a pas de supermarchés dans le quartier où on habite ?

— Je cherche de la nouveauté. »

Cammy lui lance un sourire malicieux.

« T'as vraiment besoin de cours de mensonges, parce que même la personne la plus crédule du multivers ne croirait pas à ton excuse ! Avoue, tu voulais juste marcher un peu avec moi, pas vrai ?

— N'importe quoi... » souffle le jeune homme, acculé.

Ils prennent la route ensemble.

« Alors, comment la journée s'est passée... ? s'enquit nonchalamment Al.

— Bien ! s'exclame gaiement l'interlocutrice. Le bébé et moi, on s'entend de mieux en mieux. Je l'adore ! La patronne est toujours aussi gentille. Et les tâches ménagères, c'est du gâteau !

— Je doute que ce soit facile pour un nigh de manger un gâteau... », glisse Al, pince-sans-rire.

Cammy lève les yeux au ciel.

« Bravo, t'as réussi à balancer une nouvelle blague bouseuse, t'es content ? »

Al lève son pouce en signe de satisfaction.

« Du coup, pour le ménage, tu sais que tu peux tout rendre propre avec ton pouvoir ? enchaîne paresseusement l'humain.

— Oui, mais c'est de la triche ! Je veux gagner mon oseille honnêtement. C'est un peu comme un jeu vidéo, c'est beaucoup plus fun de jouer normalement que d'utiliser des cheat codes ! se justifie Cammy, fière d'elle.

— Pourtant, quand on joue en ligne, on tombe sur beaucoup de joueurs qui utilisent des cheat codes... souligne Al sans sourciller.

— Parce que ce sont des nullos qui n'ont aucune fierté ! Pas vrai ? »

Elle fixe Al avec insistance, attendant une confirmation. Ce dernier, se rappelant de son adolescence durant laquelle il martyrisait ses adversaires en trichant de toutes les façons possibles, détourne le regard, gêné.

« Chacun sa façon de voir les choses... trouvons vite un plan pour soutirer des infos à Jack, marmonne-t-il pour esquiver le sujet. Cet usurier du dimanche me les brise.

Brusquement, une voix glaçante les interpelle :

« Vous avez parlé de Jack, l'usurier ? »

Al et Cammy, stupéfaits, font volte-face. Rose, visiblement contrariée, dévisage la jeune femme.

« Oui ! Tu le connais ?! Qu'est-ce que tu sais de lui ?! s'exclame Cammy, pleine d'espoir.

— Évidemment que je le connais... mais je ne te dirai rien tant que tu ne m'auras pas répondu. Pourquoi m'avoir caché le fait que tu es cannibale, Cammy ? »

Al et son amie ont les yeux exorbités, tant ils sont estomaqués.

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