Chapitre 103 : La famille de Marshall

La bataille entre la team Skill et les protagonistes débuta. Sonya, Cody et Alex furent vaincus. John fit également son apparition et fut tué par Kerry. Il ne reste plus que Skill (Marshall) à vaincre.

***


Bloom caressa son ventre, qui n'était pas encore très visible. La vie qu'elle portait en elle lui faisait arborer un sourire radieux.

« Bonne nouvelle, Marshall, ça sera une petite sœur ! taquina-t-elle.

- Quoi ? rouspéta Marshall, qui avait environ cinq ans. Une fille ?! C'est nul, je voulais un petit frère, moi. Comme si Liz ne m'embêtait pas déjà assez !! »

La mère de Marshall gloussa. Le garçon continua plus jovialement :

« Au revoir maman, je vais jouer au foot avec tonton ! »

***


Quelques années plus tard, Marshall était en terminale, au lycée. Son aînée, Liz, était à l'université et vivait seule.

Un soir, il alla chercher sa petite sœur, Ally, pour rentrer ensemble chez eux. Lorsqu'il arriva à l'entrée du collège, il était abasourdi. La jeune fille était aux côtés d'un autre garçon.

Ally s'exclama gaiement :

« Salut, Marshall ! Je te présente Oscar, mon petit ami. »

Le grand frère toisa longuement le collégien d'un regard dédaigneux. Le copain d'Ally déglutit.

« Un problème ? s'inquiéta-t-elle.

- Non, je m'en fous complètement, sors avec qui tu veux ! grommela Marshall. Allez, viens on rentre ! »

Il prit la main d'Ally et ils s'en allèrent. La jeune fille fit mine de bouder :

« Tu n'as pas besoin de m'accompagner tous les jours. Je ne suis plus une gamine, tu sais ! Je sais me défendre, maintenant. »

Depuis le bas âge, Marshall et ses sœurs s'entraînaient régulièrement avec leur mère. Même s'ils n'avaient pas encore éveillé leurs propres pouvoirs, la fratrie maîtrisait déjà le Drive.

« Franchement, tu es faible. N'importe qui pourrait se débarrasser de toi ou te capturer. Après tout, c'est normal, tu es une fille », cracha-t-il.

Elle fronça ses sourcils, agacée, et repoussa son grand frère.

« Lâche-moi ! J'ai pas besoin de toi ! »

Elle pressa le pas pour le distancer et rentrer seule. Marshall soupira et se contenta de la suivre.

***


Plusieurs jours plus tard, Marshall surprit Oscar et une autre fille s'embrasser dans la rue. Lorsque son autre conquête s'en alla, le grand frère s'approcha du collégien, menaçant. Le petit ami d'Ally sursauta.

« C'est fou comment ils grandissent vite... marmonna Marshall.

- Attends... je peux tout t'expliquer... je... bafouilla Oscar.

- J'ai une question. Tu as une sœur ? »

Le collégien plissa son front, ne comprenant pas où son interlocuteur voulait en venir.

« Euh... non... balbutia Oscar.

- Alors, je comprends pourquoi tu t'amuses autant. Suis-moi sans faire d'histoire. »

Il l'attira dans une ruelle vide pour profiter de l'obscurité du soir. Marshall rua de coups le petit ami de sa sœur. Il maitrisa sa force pour ne pas lui infliger de blessure grave. Mais les bleus et quelques petites plaies étaient très efficaces.

Oscar, au sol, plié en deux, gémissait de douleur. Le grand frère se rapprocha de lui. Leurs yeux se croisèrent. Marshall lui lança un regard si noir que le collégien en tremblait.

« Si jamais tu t'approches à nouveau d'Ally, tu ne t'en sortiras pas aussi bien. »

Sans attendre sa réponse, Marshall s'en alla.

***


Des semaines passèrent. Une nuit, dans la chambre de sa petite sœur, le garçon l'aidait à faire ses devoirs. Ally avait la tête dans les nuages. Son frère lui posa une question, même s'il connaissait déjà la réponse :

« Qu'est-ce qui ne va pas ? »

La jeune fille, morne, soupira. Elle ne se fit pas prier et lui expliqua :

« C'est Oscar. Ça fait un moment qu'il m'évite à l'école. En plus, il ne répond plus à mes messages, ni à mes appels.

- Si tu veux mon avis, c'est un abruti. Il ne te mérite pas » dit-il simplement.

Ally écarquilla ses yeux. Elle fixa Marshall, surprise, avant de faire un petit sourire.

« C'est la première fois que tu me dis quelque chose de gentil. »

Un silence s'installa. Le garçon, gêné, changea de sujet de conversation :

« Il paraît que tu as éveillé tes pouvoirs ? À cause de ce chagrin d'amour ? Stupide. Tu es trop jeune pour penser à ces histoires de garçons ! Concentre-toi sur tes cours !

- Arrête ça, tu parles vraiment comme un vieux ! T'es cringe ! » se moqua-t-elle.

Elle semblait aller un peu mieux. Il se retint de montrer sa satisfaction. Austère, il racla sa gorge et lui ordonna de se remettre au travail.

***


Quelques jours plus tard, avant l'aube, Marshall attendait patiemment sa mère au salon, un bouquet de roses à la main. Elle travaillait à la brigade anti-nigh, au sein des unités de patrouille
. Elle faisait partie de l'équipe de jour. Elle devait être sur le terrain aux aurores, et terminait son service la nuit tombée.

Le concept de la nigh était celui de la tromperie. Elle était capable de faire voir à qui elle voulait de fausses cicatrices sur son corps. Même quand elle mangeait, elle pouvait faire en sorte que ses collègues aperçoivent de la nourriture humaine factice. C'était impossible de soupçonner sa véritable nature.

Bloom ne tarda pas à se montrer. Marshall l'accueillit. Il lui tendit les fleurs et continua, un peu embarrassé :

« Bonne fête des mères... »

Un sourire rayonnant se dessina sur le visage de Bloom. Elle prit son fils dans ses bras et essaya de l'embrasser sur la joue. Ce dernier la repoussa très vite.

« Arrête, je ne suis plus un gamin. »

Elle souffla.

Marshall, le ton grave, continua :

« Des amis m'ont dit que la brigade tuait tous les nigh sans exception. Est-ce que c'est vrai ? »

L'agente détourna le regard, blême. Elle voulait à tout prix éviter qu'il apprenne cette réalité. Mais mentir n'aurait servi à rien. Il n'était pas idiot.

« Oui, c'est vrai. Mais...

- Mais quoi ?! l'interrompit le garçon, entrant dans une soudaine colère. Nous sommes nous-mêmes des nigh. Comment tu peux faire ça ?!! »

Elle soupira d'exaspération. Leurs disputes devenaient de plus en plus fréquentes.

« Écoute, Marshall, je fais ce qui me semble être juste.

- Comment ça ?! Vous tuez nos semblables, et tu trouves ça juste ?!

- Je ne les élimine pas à l'aveugle, crois-moi ! se justifie Bloom. Mais il y a des nigh que nous devons tuer. Tu sais au moins que cette ville appartient aux humains, à la base ? Nous sommes venus les rejoindre plus tard. Nous n'avons pas le droit de leur causer du tort ! Il y a certains de nos semblables qui sont impossibles à raisonner. En tant que nigh, c'est mon devoir de les empêcher de causer des dégâts !

- Tu racontes n'importe quoi ! vociféra son fils.

- Marshall, baisse d'un ton quand tu t'adresses à moi ! »

Le garçon serra son poing tremblant. Il n'en avait jamais autant voulu à sa mère.

« Ils tuent tout le monde sans exception, et toi, tu travailles pour eux ? Rien ne justifie ça !! Tu es totalement cinglée !

- Marshall, tu ne comprends... !

- Casse-toi ! Je te déteste !! » hurla-t-il.

Il lui retira les fleurs des mains et les jeta avec furie par terre.

Les yeux exorbités, Bloom en demeura muette. Ce n'était pas possible. Ce garçon n'était plus son fils. L'époque où il lui montrait son amour chaque jour n'était plus que du passé.

Les larmes au bord des yeux, elle se dirigea vers la porte.

Ce que Marshall ignorait, c'était que Bloom profitait du fait d'être infiltrée dans l'organisation pour protéger les nigh innocents du mieux qu'elle pouvait. Elle les prévenait lorsque la brigade démasquait leur identité pour qu'ils prennent la fuite. Elle allait même jusqu'à changer leur apparence grâce à son pouvoir.

Mais elle n'avait pas le temps de se justifier. Elle était déjà assez en retard pour le travail. Elle pourrait lui expliquer plus tard, quand il se serait calmé.

***


Le soir, peu après le coucher du soleil, l'oncle de Marshall vint leur rendre visite. Dès que le garçon ouvrit la porte, il bondit de joie.

« Comment ça va, Marshall ? commença énergiquement l'invité. C'est fou, tu as encore grandi ! Si ça continue, tu vas doubler ma taille ! »

Ils éclatèrent de rire. L'oncle de Marshall aimait prendre tout au second degré, et plaisantait souvent sur sa petite taille.

Après les salutations avec sa nièce, il alla jouer au football dans le jardin avec son neveu, avant le retour des parents.

La nuit tombée, Bloom rentra chez elle. Elle vit Marshall et son oncle en train de discuter de tout et de rien sur le sofa du salon. Le garçon était si à l'aise avec lui, qu'on aurait cru voir deux amis du même âge.

Lorsque le fils remarqua sa présence, il changea d'attitude. Son regard devint d'une froideur extrême. Il ne daigna pas la saluer.

La mère eut un pincement au cœur. Bloom enviait son petit frère, qui s'entendait toujours aussi bien avec Marshall. Elle se demanda où elle avait échoué.

L'invité se leva et prit sa grande sœur dans ses bras. Après les chaleureuses salutations, la femme quitta la pièce.

Elle croisa Ally dans le couloir. La mine de sa mère préoccupait l'adolescente.

« Qu'est-ce qui ne va pas, maman ?

- Ally... tu m'aimeras toujours, n'est-ce pas ?

- Bien-sûr maman, pourquoi ?

- Non, rien... »

Elle s'en alla sans répondre aux interrogations de la jeune fille.

***


À l'heure du dîner, tous étaient réunis à table. L'ambiance était tendue. Le père commença pour détendre l'atmosphère :

« Alors, Marshall, comment était le contrôle, aujourd'hui ?

- Un jeu d'enfant, comme d'habitude », se vanta le concerné.

Son père s'esclaffa, fier, et le félicita :

« Ça, c'est mon fiston ! Continue comme ça ! »

Ally fit semblant de rechigner :

« Hey, pourquoi vous ne complimentez toujours que Marshall ?! Moi aussi, j'ai de bonnes notes !

- Ta meilleure note, c'est un treize sur vingt. Tu ferais mieux de la mettre en veilleuse », rétorqua le garçon, méprisant.

Ally fronça ses sourcils, vraiment agacée.

« Marshall, arrête de lui parler comme ça, intervint calmement le père.

- Il n'y a pas que les notes, dans la vie. Ally est plus intelligente que tu ne le crois ! » renchérit l'oncle.

La collégienne, ravie, sourit de toutes ses dents. La seule à n'avoir prononcé aucun mot était Bloom.

Paradoxalement, Marshall n'aimait pas voir sa mère dans cet état. Il avait parlé sans réfléchir, sans imaginer les conséquences de ses propos. Il devait arranger la situation.

« Maman, je... »

Bloom lui lança un regard interrogateur. Le garçon hésita. Il se rappela des massacres qu'elle commettait avec son équipe. D'ailleurs, comment son père et son oncle pouvaient-ils tolérer ça ? Marshall, lui, ne pouvait l'accepter.

« Non... rien... » maugréa-t-il.

Bloom n'insista pas. Elle regardait son steak sans y toucher. Elle n'avait aucun appétit.

La mère fixa intensément l'oncle de Marshall, qui lui renvoya innocemment un air plein d'empathie. Le petit frère de Bloom ne lui avait rien fait, pourtant, elle lui en voulait. Ce qu'elle ressentait était plus que de l'envie. Elle était jalouse. Si seulement ils pouvaient échanger de place...

Brusquement, un couteau se mit à voler. L'arme se planta dans le cœur de sa cible. Tous fixèrent Bloom, abasourdis.

Comment en était-on arrivés là ?

La mère de Marshall, horrifiée et prise au dépourvu, cracha du sang. Son organe vital perforé, elle ferma ses yeux et mourut sur-le-champ. Un deuxième couteau perfora le front de son mari. Il n'eut même pas le temps de réaliser ce qui s'était passé, qu'il perdit la vie.

Était-ce une mise en scène de Bloom ? Marshall l'aurait voulu. Mais il savait que ce n'était pas le cas.

Le frère et la sœur, sous le choc, posèrent leurs yeux abasourdis sur l'auteur du crime : leur oncle.

« Pour... pourquoi... ? » murmura Ally, la voix brisée.

L'oncle leur lança un regard désolé

« Bloom faisait partie de la brigade. Même si elle utilisait son pouvoir pour protéger nos semblables, ce que fait cette organisation est impardonnable. À cause d'eux, les nigh vivent dans la peur et l'oppression. J'ai des compagnons avec qui nous allons détruire cette institution. Ça fait de Bloom mon ennemie, et à elle seule, elle est assez puissante pour tous nous arrêter. Alors, je n'avais pas d'autre choix que de la supprimer au moment où elle s'y attendrait le moins. Ce soir, toutes les conditions étaient réunies. Je n'ai rien contre vous, les enfants. Mais je sais que vous allez chercher à venger vos parents. Alors, je dois aussi vous éliminer.

- Sale monstre !!!! » cria Ally, pleurant à grosses gouttes.

La jeune fille, hurlant sa rage et sa peine incommensurables, se jeta sur son ennemi pour se venger. Leur oncle, le regard triste, engagea la bataille.

Marshall ne bougeait pas. Tout son corps frémissait. Une déflagration d'émotions toxiques se déclencha en lui. Complètement détruit de l'intérieur, il fixa tour à tour le corps de son père, puis celui de sa mère.

Les larmes s'échappèrent de ses yeux, incontrôlables. Son cœur était sur le point d'exploser. Il serra sa poitrine, le souffle saccadé. Un mal de tête atroce se déclencha. Il hurla jusqu'à en perdre la voix. Les yeux tremblants, la bave coulant de sa bouche, il perdit connaissance un très court instant.

Lorsqu'il se réveilla, il vit un couteau voler en direction de son crâne. Sa petite sœur, qui était gravement blessée, s'interposa. Elle encaissa l'attaque à sa place. L'arme s'enfonça dans sa gorge.

Le sang jaillit telle une fontaine. Lentement, elle s'écroula. À son tour, son âme quitta son corps.

« Ally... pourquoi... ? »

Le cœur en miettes, Marshall grinça des dents. Il ne pouvait accepter ce sacrifice de trop. Il n'avait même plus la force de crier. Totalement anéanti, il regarda, la vue brouillée par les larmes, cet oncle qu'il aimait tant.

L'ennemi était couvert de sang, mais ce n'était pas le sien. Sans la moindre égratignure, il lança un regard affligé à son neveu.

« Marshall, ne rends pas les choses plus difficiles et laisse-moi t'achever... »

Ce dernier ne répondit pas. Le garçon balança un couteau sur l'assassin, chose qu'il esquiva facilement. Puis, brusquement, tous les objets tranchants dans la cuisine se dirigèrent vers l'oncle. Bien que surpris, il les évita tous.

Soudain, un autre couteau surgit dans son dos, et se planta dans le crâne de l'oncle. Médusé, il remarqua le minuscule symbole d'un bonhomme entouré par des armes, au-dessus de son épaule.

Bien qu'il eût évité le premier couteau, le symbole avait pour effet d'attirer tous les objets tranchants vers lui. Alors, celui qu'il pensait avoir esquivé revint dans sa direction.

« Je ne sais pas ce qu'il a fait, mais c'est incroyable... il venait à peine d'éveiller ses pouvoirs, et il avait déjà mis en place une stratégie... ? C'est un génie. Non... c'est lui le monstre... »

Suite à cette pensée, l'ennemi rendit son dernier souffle.

Marshall regarda autour de lui.

Tout s'était passé si vite... Trop vite.

Alors qu'il y avait quelques minutes, il était au milieu d'êtres qui lui étaient chers, il n'était plus entouré que de cadavres.

L'amertume qui le rongeait était si insupportable qu'il ramassa un couteau pour rejoindre sa famille dans l'au-delà. Après des minutes d'hésitation, il n'alla pas plus loin. Il s'approcha du corps de son père, puis de sa mère, et ensuite de sa sœur.

Il repensa à la manière dont il se comportait avec Bloom et Ally.

Comment avait-il pu les traiter ainsi ?

Malgré ses regrets, il ne pouvait plus revenir en arrière. Il ne lui restait plus que la solitude et un chagrin abyssal.

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