Chapitre 30 : Conséquences (Part. 2).

 « Je vais te livrer à la brigade, lâche-t-il sans détour, et avec une certaine nonchalance. C'est pas mon job de gérer les cas comme toi, et je vois pas pourquoi je devrais me casser la tête pour une assassine ».

Bien qu'elle s'y attendait, Miranda fixe Al avec des yeux mélangeant crainte et fureur. Elle sait qu'elle n'est pas de taille, mais se faire liquider par cette organisation est absolument inacceptable.

« Enfin, c'est à peu près ce que j'aurais dit y a quelque jours, ajoute-t-il. Mais je ne veux plus avoir aucun lien avec la brigade, et je ne suis pas non plus tenté de te crever. Alors la réponse est assez évidente.

— T'essaies de me dire que tu vas me laisser me tailler ?! s'écrie-t-elle, incrédule.

— Mouais. Pourquoi pas.

— ARRÊTE DE TE FOUTRE DE MOI SALE ORDURE !! hurle-t-elle d'une fureur telle qu'elle en a très rarement ressentie.

— Je ne plaisante pas. Je ne vais pas te tuer. Fiche-le-camp maintenant. Mais j'aimerais juste te demander une faveur avant.

— Quoi donc ?!

— Arrête de trucider les gens. C'est la seule condition. D'où la question qui va suivre...

— .... ».

Après un court silence, Miranda éclate de rire. Elle est sûre qu'il s'agit d'une blague de très mauvais goût, mais qu'est-ce que ce jeune homme peut se montrer hilarant !

« T'es débile ou quoi ? rétorque la fugitive, dont la rage refait surface. Tu crois réellement que si je me casse en te promettant que je vais plus buter les gens juste comme ça, je vais vraiment tenir ma parole ?! Réfléchis au moins une seconde, sombre abruti !!

— Bien-sûr que non. Et je ne me rappelle pas avoir posé ma question.

— Quelle question ???

— Pourquoi tu butes les gens ?

— C'est plutôt facile à comprendre. Parce que j'ai la haine !! vocifère-t-elle. Je vous hais, vous les humains, je détruirai tous ceux que je croiserai, et je ne compte pas m'arrêter !! ».

Al ne dit rien de plus.

Il écarte ses bras. Baisse complètement sa garde. S'expose totalement.

« Qu'est-ce que tu fais ? s'étonne Miranda.

— Si tu nous détestes tant, pas la peine de déverser ta haine sur tout le monde. Défoule-toi plutôt sur moi. En échange, laisse les autres tranquilles !

— T'es sérieux, pauvre guignol... ? », fait-elle trembler sa voix frénétique.

La nigh ne se fait pas prier. Entièrement consumée par la colère, elle ne cherche même pas à réfléchir et se jette sur son ennemi.

Al ne se défend pas.

Il encaisse de plein fouet un coup de poing qui fracasse ses os du nez. Il est balayé jusque dans le salon de l'homme infecté dont il détruit la télévision et craquelle le mur. Le propriétaire de l'objet qui n'a même pas fini son ménage les ignore et continue sa tâche.

La vengeresse revient à charge. Elle fait tomber le jeune homme sur le dos, s'assied sur son ventre, et le rue de coups de poing avec son bras droit dans le visage, tout en vidant son sac.

« T'as conduit mon frère, la seule personne qui me restait à ces enfoirés... Vous avez bousillé ma vie... Ma famille, mes amis... Vous les avez tous tués. À cause de vous je fonds à longueur de journée, je suis obligée de vivre dans la rue et traîner comme un misérable rat sans même savoir où aller..... ».

Elle pleure à chaudes larmes, et pour chaque mot qu'elle prononce, ses coups redoublent de puissance.

« Vous passez votre temps à me traquer... Je ne tue que pour me défendre... Mais c'est sur moi qu'on fait passer la responsabilité de tous ces meurtres... Et après c'est MOI le monstre ?!.. Tout ce que je veux c'est qu'on me foute la paix putain !... ».

Al ne gémit même pas. Il se contente de concentrer son Drive dans la tête pour ne pas que les dégâts lui soient fatals, et encaisse tout. Aussi douloureux que ce soit, il estime qu'il le mérite. C'est sa punition pour avoir été aussi naïf pendant tout ce temps.

Il se fait briser les mâchoires. Ses dents tombent. Des bleus, boursouflures de toutes sortes se forment sur son visage. Son sang tache aussi bien le poing que le visage de sa tortionnaire. Il se fait tout simplement défigurer.

Mais bizarrement, il coule beaucoup plus de sang que prévu.

Malgré toute la rage dont elle charge son poing, les coups de Miranda perdent de plus en plus en force. Soudain, tout s'arrête. Elle perd conscience et s'écroule sur le torse d'Al. Il se redresse aussitôt, le visage taché de rouge, totalement méconnaissable.

« Eh merde, j'avais zappé pour son bras... ! Faut que je me dépêche, sinon elle va clamser à cause de l'anémie... », se dit-il.

Il tente de s'adresser avec beaucoup de difficulté à l'homme qui les ignore depuis un bon moment, mais ses balbutiements sont incompréhensibles. Ce dernier fixe Al d'un regard vide, sans répondre.

Une idée lui vient finalement en tête. Il trempe son doigt dans la mare de sang qui coule sur le sol, et écrit sur le carreaux : « Avez-vous de quoi la soigner... ? ».

L'homme de la maison reste silencieux pendant quelques secondes, avant de répondre :

« Oui ».

Au final, il n'a pas pu prévenir Cammy. Mais il ne se fait pas trop de soucis. Il ne pense pas qu'Agiel lui fera boire "l'eau". Du moins il l'espère.

***

Quelques heures plus tard, pendant l'après-midi, Miranda reprend enfin conscience. Elle remarque qu'elle s'est réveillée dans une ruelle sombre, a récupéré son bras, mais se trouve en compagnie d'un jeune homme qu'elle déteste.

« Pourquoi tu ne m'as pas achevée ? maugrée-t-elle en se débarrassant de son bandage.

— Souviens-toi de notre dernière conversation, et je pense que tu auras ta réponse ».

Elle constate que toutes les blessures qu'Al avait au visage ont guéri, sinon elle n'aurait pu le reconnaître, étant donné l'état dans lequel il était... Mais elle remarque qu'il saigne au bras, et que la plaie est profonde, ce qui signifie qu'il s'est blessé il y a moins de cinq minutes.

« Cette plaie... ? s'étonne-t-elle.

— C'est rien. Juste un chat féroce qui passait par-là...

— Qui était-ce ?!! insiste la jeune fille.

— Hmph... Juste un aspirant qui voulait mettre la main sur toi pour impressionner la brigade et se faire recruter plus facilement... soupire-t-il.

— Qu'est-ce que tu lui as fait ?!

— Rien de bien méchant. Je lui ai juste donné un bon coup dans la gueule et demandé d'aller se faire voir...

— Pourquoi tu m'as protégée... ? J'ai failli te tuer !!

— Je ne vois plutôt pas pourquoi je ne l'aurais pas fait.

— Alors, ça veut dire que tu ne savais vraiment pas la vérité sur la brigade... ? ».

Miranda est si surprise que son hostilité disparaît petit à petit. Elle se rend compte de sa méprise.

« Je n'espère pas que tu me pardonneras aussi facilement. Ce que j'ai fait est inexcusable, et je dois être le seul à l'assumer. Cogne-moi autant de fois que tu le voudras.

— T'es vraiment un crétin pitoyable. À quoi ça va me servir de me venger sur toi maintenant ?... Tu es la première personne à essayer de me comprendre... Pourquoi tu n'as pas cherché à me capturer, ou à me tuer ? Pourtant je suis une personne dangereuse... Une meurtrière...

— Ça, c'est ce que les médias disent de toi. Mais personne n'a essayé d'écouter ta version. Tu me fais penser à ''Angela''. Vous êtes des perso miroir*. D'ailleurs, ça t'arrive de voir une ombre qui essaie de te convaincre de faire ou de ne pas faire des trucs parfois ?

— Une ombre... ? Oui. Elle apparaît pour me demander de tuer les gars de la brigade qui m'attaquent, de voler, ou même de manger des humains. Je n'en ai jamais bouffé, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un jour...

— Alors il faut savoir que cette ombre n'existe pas. Tout ça se passe dans ta tête, d'après ce que m'a dit une personne qui s'y connaît un peu.

— Quoi ?! Mais... Tu essaies de me dire que je suis devenue une pauvre folle ?! s'éberlue-t-elle.

— Non, disons que c'est un effet secondaire de ton pouvoir... Un peu comme ta malédiction. Maintenant que j'y pense, je t'ai vue commencer à fondre plus tôt, c'est normal ?

— C'est ma malédiction. Je ne peux pas être exposée aux rayons du soleil plus de deux minutes. Sinon ma peau, ma chair, et mes os fondent jusqu'à ce que je meure, complètement liquéfiée... Je suis donc en permanence obligée de vite trouver de l'ombre avant que ce délai ne s'écoule.

— T'as essayé de la crème solaire ? ».

Encore une fois, son sarcasme ne fait pas rire son interlocutrice. Elle lui lance un regard noir avant qu'il ne reprenne.

« Je sais pas trop si c'est dans son domaine, mais quand on en aura fini avec l'autre type qui a eu la bonne idée de nous faire basculer dans de la science-fiction, peut-être que tu pourrais passer chez l'une de mes connaissances. Elle pourrait t'aider.

— ''science-fiction'' ?

— Ne cherche pas trop à comprendre. D'ici-là, ne tue et ne mange personne...

— Je fais quoi si on m'attaque ?!

— Tu l'aveugles et tu te barres, c'est simple », propose-t-il avant de s'en aller.

Une ombre se dessine alors devant Miranda, à la silhouette féminine, et dont les longs cheveux trainent sur le sol.

« Parfait, murmure l'entité imaginaire. Il ne semble pas vouloir te faire du mal. La prochaine fois, profite de ce manque de vigilance de sa part pour...

— Il aurait pu me tuer depuis longtemps s'il l'avait voulu... l'interrompt-elle. Je ne vois pas pourquoi je devrais encore chercher à l'éliminer..... Cela dit... ».

Miranda arrête de se parler à elle-même et se met à suivre Al très discrètement.

* Perso miroir : Personnages qui ont pratiquement le même développement, la même histoire, ce qui les rend redondants. 

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